Sur ce site, nous sommes contre les étiquettes, qui voudraient enfermer les chanteurs dans un registre clos, hermétique et contraignant. Ainsi de ce qu’on appelle « la variété ». Nous aimons découvrir la moindre trace de résistance… même chez des chanteurs, étiquetés « de variété ». Le dernier exemple en date (découvert par nous en janvier 2025 !) avec Adamo et son magnifique Manuel, dans la rubrique Analyses. Au diable les principes… c’est parti !
* Mama Béa Tékilski, la sulfureuse, nous régale, en 1978, avec une inquiétante Ballade pour un bébé robot. Comme cette chanson est prémonitoire, à nous qui nous dirigeons à grands pas vers une « vie » transhumanoïde, guidés par l’IA !
https://www.youtube.com/watch?v=VUaEZ2BfzHE
Mama Béa c’est elle qui chante la poignante Dis, maman, à voir dans Sans abri, dans la rubrique Divers.
* Talking Heads, en 1980, chante Listening Wind, en empathie avec les peuples indiens, massacrés par les colons blancs, occidentaux et chrétiens. Merci la civilisation !
https://www.youtube.com/watch?v=jK5uqY-VYDM
En 2010, une intéressante reprise de Peter Gabriel popularise la chanson.
Dans le même esprit de dénonciation de l’impérialisme américain, voir Les Yankees de Richard Desjardins, dans Variétoche 3, dans la rubrique Divers.
N’oublions pas Léonard Pelletier, en prison depuis 1976, parce qu’Indien défendant sa communauté, contre l’agression d’agents du FBI ! En 2000, un livre est édité qui décrit tout le processus de cette injustice : « Ecrits de prison – Le combat d’un indien. »
Voir également Fiume Sand Creek, de Fabrizio De André (1981) qui raconte l’odieux massacre d’Indiens de 1864. Tout savoir sur cette chanson, sur le site antiwarsongs.org :
https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=122&lang=fr
* Vladimir Vysostky, chanteur russe, a systématiquement été censuré, durant sa carrière, en URSS. En 1967, il écrit La lettre, une belle chanson qui, par la bande, crache sur la guerre et ses méfaits tous azimuts. C’est la guerre qui fait des conditions de vie misérables aux soldats, pas aux officiers… Pour faire un parallèle actuel, en Ukraine et en Russie, les deux bourgeoisies luttent âprement contre leurs centaines de milliers de déserteurs, imposent le nationalisme outrancier, cassent les protections sociales, etc.
https://www.google.com/search?q=Vladimir+Vissotsky+-+La+lettre+%7C+%22%D0%9F%D0%B8%D1%81%D1%8C%D0%BC%D0%BE+%D0%BF%D0%B5%D1%80%D0%B5%D0%B4+%D0%B1%D0%BE%D0%B5%D0%BC%22+-+YouTube&rls=com.microsoft:fr:{referrer:source?}&ie=UTF-8&oe=UTF-8&sourceid=ie7&rlz=1I7TSEH_frBE358BE358#fpstate=ive&vld=cid:38ac3868,vid:zYoeh__LxhI,st:0
Il existe plusieurs version, en français. En voici une, récente :
https://www.google.com/search?q=Lise+Martin+et+Valentin+Vander+-+La+Lettre+-+YouTube&rls=com.microsoft:fr:{referrer:source?}&ie=UTF-8&oe=UTF-8&sourceid=ie7&rlz=1I7TSEH_frBE358BE358#fpstate=ive&vld=cid:1b0e7d14,vid:mDlA_rctPoA,st:0
* Finissons avec une autre superbe chanson de Fabrizio De André, de 1978, contre la guerre cette fois-ci, sur fond d’amour homosexuel, Andrea. L’action se passe à Monti di Trento, dans les Dolomites, pas loin de Gorizia, qui a donné une magnifique chanson éponyme, que nous avons traitée dans 14-18 – A bas toutes les guerres, dans la rubrique Divers.
https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=500&lang=fr#agg21255
Paroles
Ballade pour un bébé robot
C’est la ballade
Que la maman robot
Chante pour qu’il s’endorme
À son bébé robot
Qui veut pas faire dodo
Leur amour incandescent
Enfantera l’être multicolore
D’argile et d’airain à la fois
Il sera une fois… il sera une fois
Ils ne s’appelleront ni Ève ni Adam
Ils n’auront pas de racines
Ils ne s’abîmeront pas dans la quête
D’une paternité suprême
Ne souffre pas
Tu vas souiller ton gilet de cuivre étamé
Ne rêve pas
Tu vas faire exploser tes circuits imprimés
Ne pleure pas
Tu vas rouiller tes cils de laiton nickelé
Nous sommes trop petits
Pas coupables, coupables
Nous sommes si petits
Pas coupables, coupables
Nous sommes le résultat d’une équation fausse
Il nous faudra consommer l’erreur
Jusqu’à l’éclatement final
Mais ne pleure pas
Ce n’est pas triste, puisque
Leur amour incandescent
Enfantera de l’être multicolore
D’argile et d’airain à la fois
Il sera une fois
Mais nous n’y serons plus
L’amour sera sans nous, sans nous
Sans nous, sans nous, sans nous…
C’est la ballade
Que la maman robot
Chante pour qu’il s’endorme
À son bébé robot
Qui veut pas faire dodo
Listening wind
Mojique sees his village from a nearby hill
Mojique thinks of days before Americans came
He sees the foreigners in growing numbers
He sees the foreigners in fancy houses
He thinks of days that he can still remember… now.
Mojique holds a package in his quivering hands
Mojique sends the package to the American man
Softly he glides along the streets and alleys
Up comes the wind that makes them run for cover
He feels the time is surely now or never… more.
The wind in my heart
The wind in my heart
The dust in my head
The dust in my head
The wind in my heart
The wind in my heart
Drive them away
Drive them away
Mojique buys equipment in the market place
Mojique plants devices in the free trade zone
He feels the wind is lifting up his people
He calls the wind to guide him on his mission
He knows his friend the wind is always standing… by.
Mojique smells the wind that comes from far away
Mojique waits for news in a quiet place
He feels the presence of the wind around him
He feels the power of the past behind him
He has the knowledge of the wind to guide him… on.
The wind in my heart
The wind in my heart
The dust in my head
The dust in my head
The wind in my heart
The wind in my heart
Drive them away
Drive them away.
À L’écoute du vent
Mojique voit son village d’une colline avoisinante
Mojique se souvient d’avant l’arrivée des Américains
Il voit les étrangers de plus en plus nombreux
Il voit les étrangers dans des maisons de luxe
Il songe aux jours dont il arrive encore à se souvenir
Mojique tient un paquet dans ses mains tremblantes
Mojique envoie ce paquet à l’Américain
Il glisse doucement le long des rues et des allées
Le vent se lève qui les fait courir et s’abriter
Il sent que c’est maintenant ou jamais
Le vent dans mon cœur
Le vent dans mon cœur
La poussière dans ma tête
La poussière dans ma tête
Le vent dans mon cœur
Le vent dans mon cœur
Les fait partir
Les fait partir
Mojique achète du matériel sur le marché
Mojique pose ses bombes dans la zone de libre-échange
Il trouve que le vent redonne le moral à son peuple
Il en appelle au vent pour le guider dans sa mission
Il sait que son ami le vent est toujours à ses côtés
Mojique sent l’odeur du vent venant du lointain
Mojique attend les nouvelles bien à l’abri
Il ressent la présence du vent autour de lui
Il ressent la force du passé dans son dos
Il a la connaissance du vent qui lui a appris… à continuer
Le vent dans mon cœur
Le vent dans mon cœur
La poussière dans ma tête
La poussière dans ma tête
Le vent dans mon cœur
Le vent dans mon cœur
Les fait partir
Les fait partir.
La lettre
Juste avant la bataille,
juste avant la mitraille
Que revienne le bruit des canons,
juste avant le vacarme
Au jeune soldat en armes,
on a remis une enveloppe bleue de la maison
Tu pars sur d’autres rives,
si les gens qui t’écrivent
Sont ceux de ton cœur, de ton sang,
mais pourquoi tant de hâte
Juste avant qu’il se batte,
on a passé la lettre au soldat combattant
Cette lettre commence:
« Pardonne mon silence
J’étais lasse d’attendre et adieu »
tout en bas de la page
« Je quitte le village
bats-toi sereinement et pardonne-moi si tu peux »
À la première flamme
triste le garçon s’exclame
« Que m’as-tu apporté, facteur?
Juste avant que je tombe
Sous la première bombe
un petit papier bleu comme une balle a percé mon cœur »
Son arme abandonnée
il quitta la tranchée
Et resta debout face au feu
près de Souroï en guerre
Il a embrassé la terre
seul le vent balayait des fragments d’un papier bleu
Andrea
Andrea s’est perdu et il ne peut plus revenir
Andrea s’est perdu et il ne pourra plus revenir
Andrea avait un amour Boucles Noires
Andrea avait une douleur Boucles Noires
Sur la feuille, il était écrit qu’il était mort sur le drapeau
C’était écrit et la signature était d’or, une signature de roi
Tué sur les monts de Trente par la mitraille
Tué sur les monts de Trente par la mitraille
Yeux des bois, paysan du royaume, profil français
Yeux des bois, soldat du roi, profil français
Et Andrea a perdu son amour, sa perle la plus rare
Et Andrea a en bouche une douleur, sa perle la plus noire
Andrea cueillait des violettes au bord du puits
Andrea jetait des boucles noires dans le cercle du puits
Le seau lui dit : Monsieur, le puits est profond
plus profond que le fond des yeux de la Nuit des Pleurs
Lui dit : ça me va, ça me va qu’il soit plus profond que moi
Lui dit : ça me va, ça me va qu’il soit plus profond que moi.