En 2005, Batlik, sort son album Assis là, dans lequel se niche Sous son lit. Batlik nous propose une critique originale de la démocratie. Les trois personnages, cachés sous nos lits, qui tirent les ficelles de nos vies, de nos cauchemars quotidiens sont le politicien, le banquier et l’homme d’affaires, la trilogie infernale. La démocratie c’est le mode de vie du capital. C’est en son nom que l’on va tous les jours au charbon, au bourreau, que l’on adore les mafieux au pouvoir, que l’on accepte de masquer nos enfants, haïr l’étranger, etc., etc., etc. Et dire que les gauchistes continuent à nous marteler qu’il n’y a pas assez de démocratie ! Batlik a une superbe écriture qui rend compte de son engagement social, avec poésie. Parmi les nombreuses chansons de Batlik à écouter (et chanter), il y a, en 2010, L’effort de soumission… effacé de youtube et introuvable! Avis aux amateurs.
Paroles
Sous son lit
De derrière sa lunette usée il pense
Que la vie n’est pas si facile
Qu’il voudrait r’tomber en enfance;
Du temps où la seule de ses peurs
Était de ne pas savoir qui
Se cachait sous son lit.
Mais… nos peurs se précisent avec l’âge
Comme le suspens au fil des pages
D’un livre où le poids de l’argent
A écrasé celui d’la vie.
D’un livre où tous les honnêtes gens:
Auront cachées sous leur lit.
Leurs économies.
Ils disent méfiez-vous surtout des p’tites bandes
Et faites confiance à nos grands groupes
Tous les policiers vous défendent
En se cachant aux bords des routes.
Ayez peur de tout sauf de nous
Et faites attentions à vos sous
Y a un étranger derrière vous.
Il n’est pas dit qu’on sache pas vivre
Les uns sur les autres.
Mais c’est plus dur si on nous ligue
Les uns contres les autres.
C’est diviser pour mieux régner
Et protéger pour mieux épier.
Le citoyen satisfait.
Et ferme tout à double tour
Et prend toujours le même détour
Pour pas avoir à traverser
Le parc mal éclairé.
Il est comme ces moustiques le soir
Qui vont de lumière en lumière
En évitant le noir.
Il a peur de son voisin
Et du voisin de ce voisin.
Sa peur fait l’tour de la Terre
Et revient derrière lui
En le f’sant sursauter.
Sans même faire de bruit.
Nous sommes
Le vendredi 13 juin (et)
Et aujourd’hui il semble
Qu’on vole au citoyen
Sa liberté de réfléchir
Et le droit de s’munir
D’une pensée personnelle
Et in-di-vi-duelle.
Parce que nous sommes le vendredi 13 juin (et)
Et nos superstitions auront toutes disparu demain!
Emportées par une aire nouvelle
Où toutes nos peurs artificielles
Seront tout droit sorties
Du journal télé du jeudi.
En tout cas moi je sais
Tout c’qu’il y a sous mon lit
Et c’n’est pas un étranger transit
Qu’en veut à mes économies.
C’n’est pas un jeune mal éduqué
Ou un fils d’immigré
Qui pour le plaisir de nuire
S’en prend à ma sécurité (Non)
Sous mon lit
Sont cachés
Trois types au sourire acéré
Un homme d’affaire
Un ministère
Et un p’tit banquier avisé
Qui gère le compte et les billets
Que l’homme d’affaire me pousse à dépenser
Pendant que le ministère
M’attache au lit au ruban adhésif
Estampillé: Démocratie…
L’effort de soumission
A mesure que nous avançons
Vers notre triste condition d’insecte
Je porte un toast à tous ceux qui
Ont lutté pour que nous puissions nous arracher
A cette condition forcée
A tous ceux qui pensent que nous sommes
Des humains et pas qu’une somme
De cerveaux disponibles
Des parts de tranche de cible
A tous ceux qui l’ouvrent bien grand
Activistes et manifestants
A nos amis anarchistes
A tous les fous terroristes
Ceux pour qui la démocratie
Se vide de son sens
Si elle n’inclue plus le droit de dire non
Sans qu’une faction de flics fonde sur toi
Comme pour chaque quartier sinistré
A qui on demande de la boucler
De ne surtout pas montrer
L’échec maintenu d’une politique
Raciste injuste et bâclée
A ceux qui exigent le respect
Malgré les menaces du préfet
Tous ceux qu’on discrimine et puis qu’on incrimine
Enfin aux luttes fières et exemplaires
Dont nous sommes chacun tributaire
Des vagues d’immigration venue
Enrichir le sol, le sang et le sens de cette nation.
Maintenant qu’on travaille pour les banques
Qu’on sait très bien que rien ne manque
Et que l’Etat de droit n’est là
Que pour garantir la bonne marche de ce système-là
Son incessante propagande
Le modèle unique qu’ils nous vend
Et les efforts qu’ils mettent à réduire le reste en miettes
A grand renfort de chantage sur l’exclusion et le chômage
Et pour les plus endurcis
L’option d’aller taffer pour rien
Au fond d’une prison pourrie
Où cachetons, télévision, chichons se roulaient
Rempart à la rébellion
Pendant que police et code pénal
Maintiennent la paix sociale
A l’heure où la noblesse d’Etat
Et son américain d’avocat
Veulent nous donner des leçons
Sur l’effort de soumission
Je porte un toast à la colère
Légitimée sans savoir-faire
Parce que le, c’est déjà ça
C’est à elle qu’on le doit.