A bas toutes les prisons ! On ne cessera de le répéter. A Milan, Via Filangeri, il y a la prison de San Vittore qui a accueilli plusieurs de nos camarades :
– Gaetano Bresci, anarchiste, détenu du 29 juillet au 5 novembre 1900, effaceur du roi d’Italie, Umberto 1er, le 29 juillet 1900. Assassiné dans une cellule de la prison de Santo Stefano, le 22 mai 1901 ;
– Malatesta y mène une terrible grève de la faim en 1920, avant d’être libéré en 1921 ;
– Belgrado Pedrini parle de cette taule, après un bref passage : « De la prison milanaise de San Vittore, j’ai atterri à la prison de l’île de Pianosa et de là, par la suite, à celle de Fossombrone… » [1]
Porta romana est une chanson anonyme, du début du vingtième siècle, qui raconte le parcours d’un gars qui veut venger son frère, se fait choper, frapper par les flics et incarcérer. Il en existe des tas de versions, avec des couplets à rallonge.
L’air est entraînant. Le ton n’est pas plaintif, et rappelle plutôt une évocation de la triste vie du prisonnier : « O lune, éclaire ces quatre murs/Eclaire ma cellule qui est bien sombre/Eclaire ma cellule qui est lugubre et noire/La plus belle jeunesse meurt en prison. »
Tous les prisonniers ne sont-ils pas des victimes de la société ? Il n’est pas question de faire un tri malsain entre bons et mauvais prisonniers. Même la distinction entre « politiques » et « droits communs » appartient soit aux gauchistes, soit aux sociologues. Et il est très rare que les bourgeois volent… en taule ! Dans ce cas, il existe pour eux des prisons trois étoiles.
En mars 2020, il y a eu un mouvement de révoltes dans beaucoup de prisons italiennes, contre les mesures criminelles liées au covid-19, et dont l’un des foyers principaux était le centre pénitentiaire de San Vittore (voir photo ci-dessus).
Alors oui, encore une fois, à bas toutes les prisons !
La strophe « Et sept et sept et sept font vingt-et-un/Les flics débarquent et ne trouvent plus personne » rappelle que le chiffre 21 se trouvait sur les voitures de « la volante ». Un bras d’honneur qui ne mange pas de pain !
Pour le fun, un document de 1977, où l’on voit les trois chanteurs italiens Dalla, Guccini et Vecchioni chanter ensemble une partie de cette chanson, en fin de soirée arrosée, dans un petit resto:
Concluons, avant de faire brûler toutes les prisons, avec une autre chanson, Cayenne, qui souhaite : « Mort aux vaches, mort aux condés/Vive les enfants de Cayenne/A bas ceux de la Sûreté ! »
[1] « Nous fûmes les rebelles, nous fûmes les brigands », Mutines séditions, 2011.
Paroles
Porta Romana bella, Porta Romana
ci stan le ragazzine che te la danno,
ci stan le ragazzine che te la danno :
prima la buonasera e poi la mano.
E gettami giù la giacca ed il coltello
che voglio vendicare il mio fratello,
che voglio vendicare il mio fratello,
e gettami giù la giacca ed il coltello.
La via Filangeri è un gran serraglio,
la bestia più feroce è il commissario,
la bestia più feroce è il commissario,
la via Filangieri è un gran serraglio.
In via Filangieri c’è una campana:
ogni volta ch’ella suona è una condanna,
ogni volta ch’ella suona è una condanna,
in via Filangieri c’è una campana.
La via a San Vittore è tutta sassi,
l’ho fatta l’altra sera a pugni e schiaffi,
l’ho fatta l’altra sera a pugni e schiaffi,
la via a San Vittore è tutta sassi.
Prima faceva il ladro e poi la spia,
e adesso è delegato di Polizia,
e adesso è delegato di Polizia,
prima faceva il ladro e poi la spia.
E sette, sette e sette fanno ventuno
arriva la volante e non c’è nessuno,
arriva la volante e non c’è nessuno
e sette, sette e sette fanno ventuno.
Porte Romaine, belle Porte Romaine,
là, il y a des jeunes filles qui te donnent
d’abord le bonsoir, et ensuite la main.
Et passe-moi une veste et un couteau,
parce que je veux venger mon frère.
La rue Filangieri est une grande ménagerie
dont la bête la plus féroce est le commissaire.
Dans la rue Filangieri, il y a une cloche,
et chaque fois qu’elle sonne, quelqu’un est condamné.
La rue qui conduit à San Vittore est toute pavée,
hier soir, je l’ai remontée sous les gifles et les coups de pied.
Avant, c’était un voleur et un mouchard,
et maintenant, il est devenu auxiliaire de police.
Et sept et sept et sept font vingt-et-un,
les flics débarquent et ils ne trouvent plus personne…
Ô lune qui éclaire ces quatre murs,
éclaire ma cellule qui est bien sombre,
éclaire ma cellule qui est lugubre et noire :
la plus belle jeunesse meurt en prison.
Porte Romaine, belle Porte Romaine,
là, il y a des jeunes filles qui te donnent
d’abord le bonsoir, et ensuite la main.