Penn Sardin


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En Bretagne, depuis longtemps, l’industrie de la pêche est importante. A Douarnenez, c’est la sardine qui est reine et ce sont les femmes qui, traditionnellement, les nettoient, font frire et mettent en boîte… dans des conditions d’exploitation immonde.
Mais voilà qu’un jour de novembre 1924 elles en ont marre et se mettent en grève.
Nous vous proposons de regarder ce document de France Musique, de 1993, qui retrace cette lutte, replacée dans son contexte historique et agrémentée de petits bouts de chants de lutte qui ne demandent qu’à être écoutés entièrement:

Ce document est agrémenté d’extraits de chants de lutte qui ne demandent qu’à être écoutés entièrement. Ecoutons-en une, écrite en 1916, Saluez, riches heureux :

Le fait que les prolétaires chantent pour s’encourager au travail est universel.
Mais ils chantent leurs luttes aussi. Et comment ! Nous avons déjà dit que le capital met énormément d’énergie à censurer cette dimension de notre vie. A nous bourrer le crâne avec des chansons stupides. A nous détourner de notre lit original : la révolution !
Voir Traces de censure, sur ce même site.
Bref, cette lutte des sardinières, en 1924, a poussé l’auteure-compositrice-interprète Claude Michel à écrire, en 2008, une chanson magnifique, Penn Sardin (Tête de sardine, en breton) :

Sur le toujours aussi excellent site antiwarsongs.org vous découvrirez une autre version de la chanson, le texte original et un poème de Prévert sur le sujet des sardinières :
https://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=fr&id=46501
Enfin, en 2003, sort le film Penn Sardines, de Marc Rivière.

En complément à la misère des sardinières, celle des marins-pêcheurs mais aussi de leurs cris de colère, dans deux chansons qu’on peut trouver dans la rubrique Analyses, Ali, alo, pour Maschero et La complainte des Terres-Neuvas.


Paroles

Penn Sardin

Il fait encore nuit, elles sortent et frissonnent,
Le bruit de leurs pas dans la rue résonne.

Écoutez l’ bruit d’ leurs sabots
Voilà les ouvrières d’usine,
Écoutez l’ bruit d’ leurs sabots
Voilà qu’arrivent les Penn Sardin.

À dix ou douze ans, sont encore gamines
Mais déjà pourtant elles entrent à l’usine.

Du matin au soir nettoient les sardines
Et puis les font frire dans de grandes bassines

Tant qu’il y a du poisson, il faut bien s’y faire
Il faut travailler, il n’y a pas d’horaires.

À bout de fatigue, pour n’ pas s’endormir
Elles chantent en chœur, il faut bien tenir.

Malgré leur travail, n’ont guère de salaire
Et bien trop souvent vivent dans la misère.

Un jour toutes ensemble ces femmes se lèvent
À plusieurs milliers se mettent en grève.

Écoutez claquer leurs sabots
Écoutez gronder leur colère,
Écoutez claquer leurs sabots
C’est la grève des sardinières.

Après six semaines toutes les sardinières
Ont gagné respect et meilleur salaire.

Dans la ville rouge, on est solidaire
Et de leur victoire les femmes sont fières.

À Douarnenez et depuis ce temps
Rien ne sera plus jamais comme avant.

Ecoutez l’ bruit d’ leurs sabots
C’en est fini de leur colère,
Ecoutez l’ bruit d’ leurs sabots
C’est la victoire des sardinières.

 


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