O tempo nào para


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Agenor Miranda Araújo Neto, plus connu sous le pseudonyme de Cazuza, sort l’album O tempo nào para (Le temps ne s’arrête pas), dont le titre éponyme de la chanson, en 1988, juste avant de mourir du sida, à 32 ans, en 1990.

C’est un cri du cœur à l’encontre de cette société hypocrite et brutale, au Brésil comme partout. Cazuza utilise des images fortes : « Ta piscine est pleine de rats/Tes idées ne correspondent pas aux faits. » Ceci nous fait penser à Il Tutto e falso, il Falso e tutto, de Giorgio Gaber, à lire dans la rubrique Analyses. Nous vivons dans une société où le faux est érigé en valeur suprême, où les gens ne savent même plus reconnaître leur vraie vie, leur propre réalité, leur vécu et les décrivent avec les mots que les puissants leur ont mis dans la tête. Nos piscines sont pleines de rats idéologiques !

Cazuza, l’enfant terrible du rock brésilien, prend conscience de l’état réel de notre monde après la déclaration de sa maladie qui allait l’emporter. Il dénonce alors certains aspects de cette réalité sordide : « Ils te traitent de voleur, de pédé ou de junky/Transforment tout un pays en un bordel/Parce que c’est comme ça qu’on se fait plus d’argent. » La classe dominante a, à son service, les puissants merdias, payés pour travestir la réalité du quotidien capitaliste. Cazuza pointe la situation déplorable de millions de Brésiliens, qui, dans l’extrême pauvreté, sont obligés de voler, se prostituer (au sens propre ou figuré dans les bagnes industriels, les champs, les bureaux…) ou dealer pour survivre et engraissent les proxénètes, les dealers et les mafieux. C’est bien sûr contre ces derniers, et non contre leurs victimes, que notre rage doit se diriger. Et contre tous les politiciens qui vivent de notre peine !

Cazuza aurait aimé la révolte de ses frères, au Brésil, en 2013, contre les sacrifices justifiés par la Coupe du monde de football. Voir Faites-nous rêver dans la rubrique Analyses. L’avenir ne va plus répéter le passé, car çà n’est plus possible. On ne revient pas en arrière… o tempo nào para ! La dictature mondiale, unifiée, a un alibi sanitaire très fragile, que des millions de personnes dévoilent et dénoncent de plus en plus. Il reste à vivre nos révoltes futures avec amour et rage, toujours !


Paroles

O Tempo Não Para

Disparo contra o sol
Sou forte, sou por acaso
Minha metralhadora cheia de mágoas
Eu sou um cara
Cansado de correr
Na direção contrária
Sem pódio de chegada ou beijo de namorada
Eu sou mais um cara

Mas se você achar
Que eu tô derrotado
Saiba que ainda estão rolando os dados
Porque o tempo, o tempo não para

Dias sim, dias não
Eu vou sobrevivendo sem um arranhão
Da caridade de quem me detesta

A tua piscina tá cheia de ratos
Tuas ideias não correspondem aos fatos
O tempo não para

Eu vejo o futuro repetir o passado
Eu vejo um museu de grandes novidades
O tempo não para
Não para, não, não para

Eu não tenho data pra comemorar
Às vezes os meus dias são de par em par
Procurando agulha num palheiro

Nas noites de frio é melhor nem nascer
Nas de calor, se escolhe: é matar ou morrer
E assim nos tornamos brasileiros
Te chamam de ladrão, de bicha, maconheiro
Transformam o país inteiro num puteiro
Pois assim se ganha mais dinheiro

A tua piscina tá cheia de ratos
Tuas ideias não correspondem aos fatos
O tempo não para
Não para, não, não para


Les lusophones pardonneront la traduction approximative.

Le temps ne s’arrête pas

Je tire sur le soleil
Je suis fort, il se trouve que j’ai
Ma mitraillette pleine de chagrins
Je suis un mec
Fatigué de courir
Dans la direction opposée
Pas de podium ou de baiser d’une amoureuse
Je suis plutôt un mec

Mais si vous trouvez
Que je suis vaincu
Sachez que les données sont toujours en cours
Parce que le temps, le temps ne s’arrête pas

Tous les jours, je me bats pour survivre
Sans aucune égratignure
A la charité de ceux qui me détestent.

Ta piscine est pleine de rats
Tes idées ne correspondent pas aux faits
Le temps ne s’arrête pas

Je vois l’avenir répéter le passé
Je vois un musée de grandes nouveautés
Le temps ne s’arrête pas
Ne s’arrête pas, non, ne s’arrête pas

Je n’ai pas de date à commémorer
Parfois, mes journées se passent
A chercher une aiguille dans une botte de foin

Il vaut mieux ne pas naître par une nuit froide
Par une nuit chaude, deux choix s’imposent : tuer ou mourir
Ainsi, on devient Brésilien
Ils te traitent de voleur, de pédé ou de junky
Transforment tout un pays en un bordel
Parce que c’est comme ça qu’on se fait plus d’argent

Ta piscine est pleine de rats
Tes idées ne correspondent pas aux faits
Le temps ne s’arrête pas
Ne s’arrête pas, non, ne s’arrête pas


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