Ne rêvez pas est publié par Jacques Prévert en 1966, dans Fatras. Catherine Ribeiro (décédée en août 2024) sur l’album Jacqueries (1978), où elle chante quelques poèmes de Prévert, lui donne une tonalité qui a du nerf, du punch :
Ce morceau de bravoure critique la société de l’esclavage salarié et sa base idéologique, le Travail, dont nous avons déjà parlé, entre autres, dans A bas les gens qui bossent ou Bosser huit heures dans la rubrique Analyses, ainsi que Sous les pavés, la plage , ou les diverses contributions à A bas le travail !, dans la rubrique Divers.
Prévert s’amuse à éplucher tous les synonymes du tripalium, auxquels on pourrait ajouter taffer, aller au charbon, au chagrin, boulonner, turbiner, etc.
Nous sommes en 1966, c’est-à-dire avant le printemps 68 qui allait développer une critique en actes de cette torture quotidienne qui fait le bonheur de nos maîtres. Ici quelques traces écrites que les murs nous ont laissées :
Paroles
Ne rêvez pas
pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne rêvez pas
l’électronique rêvera pour vous
Ne lisez pas
l’électrolyseur lira pour vous
Ne rêvez pas
pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne faites pas l’amour
l’électrocoïtal le fera pour vous
Pointez
grattez vaquez marnez bossez trimez
Ne vous reposez pas
le Travail repose sur vous.