Quel axe magnifique l’auteur de cette chanson a-t-il pris là ! On aime tellement se lamenter, surtout quand c’est justifié, contre son cher exploiteur à soi, et puis… s’en remettre à des sauveurs providentiels, ça c’est bon, rassurant, pratique : « Détruis-la, Jésus, cette race infâme/Détruis-la, Jésus, fais-le pour moi… »
D’ailleurs, les gauchistes léninoïdes (toutes confessions confondues) l’ont compris depuis longtemps qui s’autoproclament leaders ouvriers, spécialistes en gestion de conflit, dirigeants tout trouvés d’une classe… aux ordres. Les masses dont ils parlent, ce sont des masses de manœuvre, ils omettent toujours le deuxième terme !
Ce que les dirigeants autoproclamés détestent par-dessus tout, c’est l’autonomie ouvrière, c’est que les travailleurs s’organisent sans et contre eux… c’est qu’on les dénonce comme saboteurs de nos luttes, comme racoleurs du capital, comme complices des patrons, comme rabatteurs du salariat…
Syndicats, flics du patronat !
Un exemple ? Fin 2018, la CGT, fière de son expertise en la matière, a proposé son service d’ordre pour sécuriser les manifestations des Gilets jaunes, contre la violence des « blacks blocks » !
La pièce Malarazza est extraite d’un sonnet d’un poète sicilien anonyme, publié en 1857, par Lionardo Vigo Calanna, dans son recueil de chansons folkloriques siciliennes, intitulé Lamentation d’un serviteur à un saint crucifié.
Au début des années 1970, la version originale du Lamento a été redécouverte par Dario Fo, qui l’inclut, en 1973, dans un de ses spectacles. Peu après, Domenico Modugno chante et popularise cette version, mais sans avertir Dario Fo. En 1977, celui-ci est alors forcé de citer Modugno en justice pour plagiat.
La fin de cette chanson donne une véritable perspective révolutionnaire : « Parce que je ne serais pas cloué ici/Si j’avais fait ce que je t’ai dit. »
C’est vital, ça : c’est très dangereux de ne pas lutter, de se résigner, de vivre à genoux toute sa fausse vie… c’est là qu’on crève de cancer, de bêtise, d’accidents de travail, d’erreurs médicales, de guerres, etc.
Oui, un autre monde est possible, sinon, ils ne mettraient pas tant d’énergie à nous matraquer le contraire à longueurs d’antennes, ondes, écrans, journaux, coupes du monde de foot… autant d’armes de distraction massive de notre cours naturel, révolutionnaire.
« Les luttes qu’on perd sont celles qu’on ne fait pas », n’est pas une phrase anodine, une posture, un bon mot, c’est la réalité. Comme le disait Wolf Biermann, dans Ce qui nous démolit (1978) : « Ce ne sont pas les coups qui nous abattent ici/Ces coups dont plus d’un se délecte/Les coups qui nous abattent, ce sont les coups/Que nous n’avons pas distribués. »
La parabole de ce christ qui regrette de n’avoir pas plus montré les dents est superbe !
Pas étonnant qu’il en existe tant de versions. Il est sain de s’entendre dire ce « Ti lamenti, ma che ti lamenti… » si énergique, si plein d’affection aussi : bouge-toi, camarade, tu as un vieux monde à abattre !
Lunga vita alla rivoluzione !
Paroles
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Un servo, tempo fa, in una piazza,
pregava Cristo in croce e gli diceva:
«Cristo, il mio padrone mi strapazza,
mi tratta come un cane per la via.
Si prende tutto con la sua manaccia,
Nemmeno la mia vita, dice che è mia.
Distruggila, Gesù, ’sta cattiva razza!
Distruggila, Gesù, fallo per me! Fallo per me!»
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
E Cristo mi risponde dalla croce:
‹Perché, ti si sono spezzate le braccia?
Chi vuole la giustizia, se la faccia.
Nessuno ormai la farà più per te.
Se tu sei un uomo e non sei una testa pazza,
ascolta bene questa mia sentenza,
ché io non sarei inchiodato in croce
se avessi fatto ciò che dico a te,
ché io non sarei inchiodato in croce.›
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Tu ti lamenti, ma che ti lamenti?
Prendi un bastone e tira fuori i denti.
Il était une fois un serviteur sur une place qui priait un christ en croix et lui dit :
Christ, mon patron me frappe et me traite comme un chien de la rue
Il amasse tout dans ses mains, même ma vie il dit qu’elle lui appartient
Détruis-la, Jésus, cette race infâme
Détruis-la, Jésus, fais-le pour moi, fais-le pour moi…
Tu te plains, mais qu’est-ce que tu as à te plaindre ?
Prends un bâton et montre les dents
Me répond le christ sur sa croix :
Peut-être qu’ils sont cassés tes bras ?
Qui veut la justice, qu’il la fasse
Désormais personne ne le fera à ta place
Si tu es un homme et pas une tête folle, écoute bien mon conseil
Parce que je ne serais pas cloué ici
Si j’avais fait ce que je t’ai dit
Je ne serais pas cloué ici !