Coluche commet cette chanson en 1979. Le texte est vif, le ton vigoureux, le propos adéquat. On signe. Bien sûr l’amuseur public la braille pour faire passer la pilule de la réalité abrupte, décrite sans fard. Bien sûr, Coluche, sur lequel on a tout dit, surtout ceux qui préfèrent rigoler de nos malheurs plutôt que de se bouger le cul pour les faire cesser, Coluche donc, a versé lui-même dans le divertissement. Divertir le peuple de son cours naturel, révolutionnaire ! Ok, mais il n’a pas tout faux. Ses sketches (la plupart censurés) contre les politiciens (« … la différence entre les oiseaux et les politiciens, c’est que les oiseaux s’arrêtent de voler parfois… un pour tous, tous pourris… »), les flics, les syndicats, le travail (« Sois fainéant, sois fainéant… »), la politique (« Si voter servait à quelque chose, il y a longtemps que ça serait interdit ! »), les religions (« La seule excuse de dieu, c’est qu’il n’existe pas »), l’école, etc., nous autorisent à le considérer sympathiquement. Et nous laissons à d’autres le plaisir de se vautrer dans ses contradictions.
Coluche a-t-il été assassiné ? Pourquoi pas ? L’Etat en est bien capable. En tout cas sa candidature à la présidence, en 1980, n’a pas du tout été appréciée des « autorités », en ce qu’elle tournait en ridicule le cirque électoral ! Seuls les naïfs diront que l’Etat n’irait pas jusque là. Pourtant le capital est habitué à se défendre et éliminer les gêneurs, en secret si possible. Nous pensons aux morts « bizarres » de Jimi Hendrix, Tupac Shakur, Lounès Matoub, etc.
Allez on s’écoute Les salauds et pendant que vous y êtes repassez-vous donc les Interdits de l’incontournable Coluche :
Paroles
Les salauds
{Parlé:}
« Les salauds! », chanson engagée.
Une chanson contre les bourgeois, qui crache son venin à la face de la société.
Sans blague! On va pas s’faire emmerder, non!
{Chanté:}
Mon père est mort à la guerre
Mon frère se tue au travail
Et les salauds s’en moquent bien
Que l’on crève comme des chiens
Les salauds!
Les salauds!
C’est à la sueur de notre front
Que les salauds gagnent leur pognon
Et ils nous jettent pour faire ripaille
Les copeaux de notre travail
Les salauds!
Les salauds!
Oui mais un jour on sera fort
Et dans les villes et dans les ports
Les hommes lèveront leurs poings
Pour foutre sur la gueule des rupins
Des salauds
Alors ils nous envoient leur police
Mais comme on est plus nombreux
On va leur foutre sur la gueule
Et on va leur faire bouffer leur képi
Parce que moi, si y en a un qui vient m’emmerder,
J’lui fous ma guitare à travers la gueule!
Alors merde!
On va pas s’faire emmerder par les flics, non?
Sans blague!
Mais ta gueule, toi, salaud!
(Il brise sa guitare et la piétine. L’orchestre attaque l’Internationale)