En 2002, le groupe musical a capella Credo ma non troppo chante Les comptes des 1001 ennuis. On écoute tout de suite cette chanson :
Credo ma non troppo en 2002 on Vimeo
Les comptes des 1001 ennuis égrènent les étapes d’une vie atone, au parcours terriblement fléché, que nous devons tous subir.
Mais… et si on prenait nos vies en main, si on imposait autre chose, collectivement, dynamiquement, imposant nos mille et une envies… en vie ! « Pour éviter qu’un jour nos vies ne s’atrophient. »
L’introduction rappelle l’assassinat de Semira Adamu, en 1998, par des gendarmes belges. Ce meurtre avait fait grand bruit, à l’époque, par sa cruauté. En effet, cette jeune femme de vingt ans, fuyant un mariage contraint au Niger, s’était déjà opposée vigoureusement à des expulsions forcées, par avion. La sixième fois, les gendarmes ont appliqué la « technique du coussin » : à plusieurs, ils se sont assis sur elle, l’ont maintenue fermement, pendant qu’un collègue l’étouffait. Ca s’appelle torturer à mort !
Les mots que met le groupe Credo ma non troppo sur cette dramatique fin de vie, font, avec une grande sensibilité, un lien avec le quotidien étouffant de nos vies sous le capital, qui est le sujet de la chanson.
Cet épisode macabre résonne toujours actuellement, avec les meurtres fréquents des flics contre nous, en France, aux USA, et ailleurs. Ne nous taisons pas ! Ne nous habituons pas !
Et c’est dans cet esprit-là, qu’en 2003, Claude Semal, écrit et chante Semira :
Voir Hoboken (de Claude Semal) dans la rubrique Analyses.
Une autre chanson décrit cette ambiance morose, citadine, fade et nerveuse, que Zjef Vanuytsel chantait en 1971, De zotte morgen (Le matin fou):
En 2003, le groupe Credo ma non troppo change de chanteuses et chanteur, garde le même auteur, et continue sa route a capella, dans le même esprit corrosif et humoristique.
Ecoutons la deuxième version (en studio) des Comptes des 1001 ennuis :
https://www.youtube.com/watch?v=RMJ–YeNulg&ab_channel=Collectif1984
Paroles
Nous avons fait les comptes des mille et un ennuis
L’ennui c’est qu’ils ne sont jamais vraiment finis
Jours après nuits ce ne sont que des contre-jours
Qu’on a dû s’habituer à compter à rebours
La p’tite enfance à peine éclose
Gardait déjà la bouche close
La peur au ventre d’être privé
De dessert ou bien de dîner
Nos vraies nourrices étaient vraiment des vaches
Leur lait poudré mis en bib’rons
Nos parents jouaient à cache-cache
Entre la crèche et la maison
Nous avons fait les comptes des mille et un ennuis
L’ennui c’est qu’ils ne sont jamais vraiment finis
Jours après nuits ce ne sont que des contre-jours
Qu’on a dû s’habituer à compter à rebours
On a vite fait de nous couper l’cordon
Vite fait bien fait pour le patron
Qui retrouvera son personnel
Rapidement opérationnel
Pour la paix des ménages on nous tapait
Devant des écrans cathodiques
On nous zappait d’un voile pudique
Pour pas comprendre ce qui se passait
Nous avons fait les comptes des mille et un ennuis
L’ennui c’est qu’ils ne sont jamais vraiment finis
Jours après nuits ce ne sont que des contre-jours
Qu’on a dû s’habituer à compter à rebours
Il nous fallut bien un diplôme gagner
Sans doute un peu à contrecœur
Pour tout savoir sans rien piger
De c’qui amenait le bonheur
Enfin arrivés dans la vie active
La liberté s’est révélée
Une bien piètre panacée
On était comme à la dérive
Nous avons fait les comptes des mille et un ennuis
L’ennui c’est qu’ils ne sont jamais vraiment finis
Jours après nuits ce ne sont que des contre-jours
Qu’on a dû s’habituer à compter à rebours
Enfin après des années d’service
Saqués de tant de tels sévices
L’espoir de la place au soleil
S’effaçait par manque d’oseille
On crèv’ra à petit feu à petits pas
Comme des vieux papis r’cyclés
Comme si du fœtus au trépas
Il nous avait manqué une clé
Mais quand on fait les comptes des mille et une envies
On ne peut que se remettre au diapason
Briser ce qui ne peut embraser nos passions
Pour éviter qu’un jour nos vies ne s’atrophient