Les chiens couchants


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En 1905, Frédéric Mouret écrit Les chiens couchants, que Raoul Chantegrelet mettra en musique. Le texte est puissant et va droit au but. Lisez-le ci-dessous, tout haut si possible et faites-le apprendre à vos enfants, à vos amis, à tous ceux qui ont encore un cœur ! Bon sang, quel bon sang devait bouillonner dans ce Frédéric-là !
Ce qui est remarquable dans Les chiens couchants, comme dans tous les chants de lutte conséquents, c’est la perspective révolutionnaire clairement affirmée. Dans le brouhaha médiatique actuel, aseptisant et anxiogène, hystérique et imbécile de la culture de masse, véritable arme de distraction massive… hé bien, ça fait un bien fou de réécouter Les chiens couchants et de chanter avec.
La violence du texte renvoie à la brutalité de cette société, au mépris de nos maîtres pour la vie humaine et à notre écœurement face à ceux qui baissent la tête, renoncent, obéissent, se taisent, souffrent en silence, pensent que s’il n’y avait pas la police, hein…
D’ailleurs Frédéric n’a-t-il pas lu les pages ravageuses de L’Anarchie, le journal d’Albert Libertad… dont l’article du premier numéro du 13 avril 1905, Aux résignés, qu’on peut lire en annexe ?
N’a-t-il pas écouté notre ami Gaston Couté, dans l’une ou l’autre gargote parisienne?
Lire absolument La Marseillaise des requins, dans la rubrique Analyses.
Ces trois-là ont craché toute leur vie sur l’avilissement de notre humanité, consciemment orchestré par les hommes de pouvoir.
On s’écoute la version de Fabrice Lançon, en 2017, à l’Ecomusée de l’Avesnois, à Fourmies, vous savez là où les gendarmes ont tiré dans le tas, le premier mai 1891, tuant une dizaine d’ouvriers:

Vous en apprendrez plus sur Frédéric Mouret, sur ce site :
https://canto.ficedl.info/spip.php?mot234
Vous en saurez plus sur Fabrice Lançon, ici :
https://chanson-memoire-ouvriere.e-monsite.com/
Nous avons traité de ce sujet de nombreuses fois sur ce site, en particulier dans Hexagone, de Renaud, dans la rubrique Analyses.


Paroles

Aux résignés

« Je hais les résignés. (…) Résignés, regardez. Je crache sur vos idoles, je crache sur Dieu, je crache sur la Patrie, je crache sur le Christ, je crache sur les drapeaux, je crache sur le Capital et sur le Veau d’or, je crache sur les lois et sur les codes, sur les symboles et les religions : ce sont des hochets, je m’en moque, je m’en ris. Ils ne sont rien que par vous, quittez-les et ils se brisent en miettes.
Vous êtes donc une force, ô résignés, de ces forces qui s’ignorent mais qui n’en sont pas moins des forces, et je ne peux pas cracher sur vous. Je ne peux que vous haïr… ou vous aimer.
Par-dessus tous mes désirs, j’ai celui de vous voir secouer votre résignation, dans un réveil terrible de vie
Il n’y a pas de paradis futur, il n’y a pas d’avenir, il n’y a que le présent.
Vivons-nous !

Les chiens couchants

Les chiens couchants ! C’est vous les neutres
Les résignés, lâches et pleutres
Vous les hâbleurs, les fanfarons,
Vous les flatteurs de vos patrons
Les médusés par les promesses
Des exploiteurs de vos détresses,
Vous les pantins humbles jouets
Tournant au gré de leurs fouets !

Prosternez-vous devant le maître
Devant Crésus, devant le prêtre
Vous les soumis, les pleurnichants,
Prosternez-vous, courbez la tête
Baisez la main qui vous maltraite
Prosternez-vous, les chiens couchants.

Les chiens couchants ! C’est vous les fourbes
Vous les valets, brutes et tourbes
Des aplatis devant les lois,
Des gorgés d’or faussant vos droits,
Quand un soudard vous tend sa botte
Chiens couchants, vous léchez sa crotte…
Sous les injures, les affronts
L’on ne voit plus rougir vos fronts !

Prosternez-vous devant le maître
Devant Crésus, devant le prêtre
Vous les soumis, les pleurnichants,
Prosternez-vous, courbez la tête
Baisez la main qui vous maltraite
Prosternez-vous, les chiens couchants.

Des chiens couchants, malgré leur nombre
Nous méprisons la masse sombre,
C’est nous qui sommes les chiens loups
C’est nous qui rendons coups pour coups,
Des biens gaves et des bravaches
C’est nous qui brisons les cravaches
C’est nous enfin les risque-tout
Nous qui hurlons un peu partout :

Révoltons-nous devant le maître .
Devant Crésus, devant le prêtre
Devant le riche aux airs tranchants
Révoltons-nous, levons la tête
Mordons la main qui nous maltraite
Sans nul souci, des chiens couchants.


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