Cette chanson est écrite, en 1978, par Jean-Claude Watrin, sur une musique de C. Aloïsio.
Cette véritable chanson de lutte nous fait rentrer à l’usine et suivre une jeune travailleuse tout au long de son esclavage quotidien. Elle illustre parfaitement la phrase : perdre sa vie à la gagner.
On y voit les cadences infernales, le chantage au renvoi, l’humiliation, l’ambiance musicale abrutissante « Pour faire passer l’idée/Que l’travail n’est pas gai. »
Et puis, La marche à suivre, se termine en donnant une perspective humaine, sociale, vivante : « Il faut rompre le silence/Et tous briser nos chaînes ! »
Et justement dans les années ’60 et ’70, en Belgique, et principalement dans le textile qui emploie surtout des femmes, il y a eu plusieurs luttes, sur lesquelles nous nous pencherons bientôt. Voir aussi Bread and roses dans la rubrique Analyses.
Seule trace de cette chanson sur internet ici :
https://www.bide-et-musique.com/song/11598.html
Paroles
Debout à six heures quart
Faut pas te coucher tard
Si tu as dix-sept ans
Et qu’t’as besoin d’argent
Pendant à peine trois mois
J’ai travaillé dur à
L’usine Levi’s d’Arlon
Fabrique à pantalons
Du matin jusque au soir
C’est toujours le même geste
Et si tu manifestes
Gare au licenciement
Du matin jusque au soir
Dans le bruit des machines
Tu dois courber l’échine
Sans faire de sentiment
A l’heure de la sonnette
Il est sept heures quarante
Les poches et les braguettes
Sont déjà en attente
Si tu ouvres la bouche
Pour parler du beau temps
Une contredame débouche
Avec ses arguments
Refrain
On t’met un peu d’Clo-Clo
Du Sheila, du Ringo
Pour faire passer l’idée
Que l’travail n’est pas gai
Si tu demandes du Brel
On t’traite d’intellectuelle
On te r’met du musette
Du brouillard plein la tête
Refrain
A dix heures c’est la pose
Alors tu te reposes
Le temps d’une cigarette
Dix heures à dix heures sept
Et puis ça recommence
Faut tenir la cadence
Les sermons du patron
Poussent à la production
Refrain
Midi c’est l’heure du pain
Du fromage dans la flûte
Et dans dix-sept minutes
Tu reprends le turbin
Juste le temps tu as
D’te priver d’une tartine
Pour tirer deux trois fois
Sur l’mégot d’la copine
Refrain
Si tu veux faire pipi
On t’suit chrono en main
Trois minutes le matin
Et trois l’après-midi
Si tu tombes dans les pommes
Comme moi un beau jour
T’as vingt minutes de bonnes
Pour te remettre au jour
Refrain
Deux heures trente c’est la pose
Alors tu te reposes
Le temps d’une cigarette
Jusqu’à deux heures trente sept
Et puis ça recommence
Pour la dernière fois
Quatre heures vingt ça sera
L’heure de la délivrance
Refrain
Puis tu t’mets à penser
A tous ces ouvriers
Qui au bout d’la journée
Parlent de se révolter
Plus d’patron plus d’cadences
Plus d’travail à la chaîne
Il faut rompre le silence
Et tous briser nos chaînes
