Tout a été dit à propos de cette célébrissime chanson, datée de 1792. Elle est anonyme, même si une piste non élucidée donnerait comme auteure Mme Roland.
Le Ca ira ! de Lardé, en 1790, était beaucoup plus prudente et collait plus à l’idéal républicain bourgeois qu’à la révolution, malgré ces vers : « Nous n’avions plus ni nobles, ni prêtres/Ah ! ça ira, ça ira, ça ira/L’égalité partout régnera. » Pour la fraction bourgeoise au pouvoir, grâce à la poussée révolutionnaire prolétarienne, chanter la pendaison des nobles, ça ne mangeait pas de pain. Quant à l’égalité, on l’attend encore.
On sait que le 10 août 1792, le prolétariat révolutionnaire ruait dans les brancards de nouveau, effrayant les nouveaux maîtres républicains. La Carmagnole a accompagné ces journées.
On sait aussi que La Carmagnole se dansait. Nous nous imaginons bien les Sans-culottes, armés de piques et de courage chantant et dansant dans les rues de Paris !
La Carmagnole, qui se chante sur un très vieil air moyenâgeux, a eu un succès incroyable et de très nombreuses versions ou adaptations, dont Wikipedia fait un recensement intéressant.
Nous avons trouvé une version moderne peu connue, intitulée La Carmagnole anticléricale. Voici le commentaire trouvé sur le site de la Libre Pensée du Pas-de-Calais :
« Cette chanson a été chantée par la Coordination Nationale des Libres-Penseurs au cours de la manifestation du 22 septembre 1996 à Paris contre la commémoration du baptême de Clovis et la visite du pape. Elle serait l’œuvre d’un citoyen prénommé Christian et aurait été rédigée en 1996 pour l’occasion. »
Voir les paroles ci-dessous.
De nombreux militants ont repris l’air de La Carmagnole pour y mettre leurs cris, contre les pensions rabotées, la hausse des prix, etc. Il existe aussi une sulfureuse et clairvoyante Carmagnole des chômeurs qui met dos à dos la droite et la gauche… à pendre !
Vois les paroles ci-dessous.
Impossible de résumer toute la période dite de la révolution française, qui a fondé le mythe républicain si puissant en France. Même beaucoup de Gilets jaunes ne sont pas encore débarrassés de l’illusion d’une vraie et pure République. Peu importe comment on nommera la communauté humaine, si on réussit à « l’imposer », mais ce ne sera sûrement pas « République » ! Voir Les voyages du bonnet rouge, dans la rubrique Analyses… ainsi que Gilets jaunes, dans la rubrique Divers.
Réécoutons cette Carmagnole qui fleure bon la lutte de classes, dans la version de Rosalie Dubois, en 1979 :
Paroles
Madam’ Veto avait promis
De faire égorger tout Paris
Mais son coup a manqué
Grâce à nos canonniers
Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole
Vive le son du canon!
Monsieur Veto avais promis
D’être fidèle à son pays
Mais il y a manqué
Ne faisons pas d’quartier
Amis restons toujours unis
Ne craignons pas nos ennemis
S’ils viennent nous attaquer
Nous les ferons sauter.
Antoinette avait résolu
De nous faire tomber sur le cul
Mais son coup a manqué
Elle a eu le nez cassé
Son mari se croyant vainqueur
Connaissait peu notre valeur
Va, Louis, gros paour
Du temple dans la tour.
Les Suisses avaient promis
Qu’ils feraient feu sur nos amis
Mais comme ils ont sauté
Comme ils ont tous dansé!
Quand Antoinette vit la tour
Elle voulut faire demi-tour
Elle avait mal au coeur
De se voir sans honneur.
Lorsque Louis vit fossoyer
A ceux qu’il voyait travailler
Il disait que pour peu
Il était dans ce lieu.
Le patriote a pour amis
Tous les bonnes gens du pays
Mais ils se soutiendront
Tous au son du canon.
L’aristocrate a pour amis
Tous les royalistes de Paris
Ils vous le soutiendront
Tout comme de vrais poltrons!
La gendarmerie avait promis
Qu’elle soutiendrait la patrie.
Mais ils n’ont pas manqué
Au son du canonnier.
Oui je suis sans-culotte, moi
En dépit des amis du roi
Vivent les Marseillais
Les Bretons et nos lois!
Oui nous nous souviendrons toujours
Des sans-culottes des faubourgs
A leur santé buvons
Vive ces francs lurons!
La Carmagnole anticléricale
Dans le palais du Vatican, (bis)
Vit le plus grand des charlatans, (bis)
Son commerce marche bien,
Le ciel, ça se vend bien.
Culs-bénits à vos poches
Donnez, donnez vos picaillons.
Remplissez les sacoches
Des religieux nom de nom!
Votre morale on s’en fout, (bis)
Vos tabous gardez les pour vous, (bis)
Toutes vos bondieuseries
Nous autres on en sourit.
Ne nous emmerdez pas
Avec vos pratiques et vos lois
De vous on ne veut pas
Allez au Diable ça ira.
Si Marie avait avorté (bis)
Le clergé ne nous ferait pas chier, (bis)
Au lieu de s’inquiéter
De not’sexualité
Qu’il s’occupe des fesses
De ses grenouilles de bénitier
Et si ça l’intéresse
Qu’il aille se faire baiser.
Depuis des siècles on nous promet (bis)
Un monde de félicité, (bis)
Mais la-haut dans les cieux
A côté de leur bon Dieu
Pendant qu’ici sur terre
Les riches sont au paradis,
Pendant qu’ici sur terre
C’est l’enfer pour les petits.
Grande misère, crédulité, (bis)
Vous savez bien en profiter, (bis)
Un monde de félicité, (bis)
Mais le temps est venu
Des coups de pieds au cul.
Escrocs enjuponnés
Disparaissez à jamais.
Peuples crédules réveillez-vous, (bis)
Cessez de vous mettre à genoux (bis)
Le clergé c’est flagrant
Vous prend pour des enfants.
Agissez en adultes
Vive le son, vive le son,
Faites leur faire la culbute
Vive le son du canon.
Ah! Tous ces maudits mécréants (bis)
Se dit le pape en nous voyant (bis)
Qu’est ce que j’pourrais bien faire
Pour qu’ils aillent en enfer?
Les temps ont bien changé
Le clergé n’est plus respecté,
Les temps ont bien changé
Il n’y a plus de bûchers.
Respectez la laïcité, (bis)
Et cessez de nous emmerder (bis)
Allez au Vatican
Réclamez votre argent
Restez à votre place
Dans vos églises et vos couvents,
Restez à votre place
Très loin de nous, sacripants.
Carmagnole des Chômeurs
Les socialistes avaient promis (bis)
du fric et du travail aussi (bis)
Mais ils nous ont menti
ils servent les rentiers
Voilà qu’il y en a marre
vive le son vive le son
Voilà qu’il y en a marre
vive le son de l’explosion
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
la bourgeoisie rose à la lanterne
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
comme la droite on la pendra !
Tous les chômeurs ont pour amis (bis)
tous ceux qui vivent de leur travail (bis)
Mais ils ont pour ennemis
les boîtes d’insertion
qui exploitent notre misère
Insoumission ! Insoumission !
Qui exploitent notre misère
et manipulent l’opinion
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
tous les commerçants de la souffrance
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
dans leurs villas on les brûlera !
Non les chômeurs n’ont pas besoin (bis)
ni de tuteurs ni de conseils (bis)
Ils veulent du travail
et surtout le partage
Partage des richesses
et du travail et du travail
Partage des richesses
et du travail également
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
la bourgeoisie rose à la lanterne
Ah ça ira, ça ira, ça ira !
comme la droite on la pendra !