La bête immonde


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Claude Lemesle est un parolier prolixe. Il écrit, en 1975, pour Joe Dassin, le succès planétaire L’été indien. Décidément en forme, il écrit, cette même année, pour Michel Fugain cette fois-ci, Dis oui au Maître. Voir Beau comme une école qui brûle, dans la rubrique Divers.

C’est en 1995, qu’il écrit, toujours pour Michel Fugain, La bête immonde.

Pour nous, cette chanson a une portée universelle, même si le titre et certaines allusions antinazies peuvent faire penser à cette période de l’histoire. Ce serait une réduction et une interprétation réductrice.

Nous n’allons pas enfermer Michel Fugain dans son lamentable amour de l’armée israélienne… élevons-nous et écoutons cette chanson qui a le mérite de cracher sur tous les tortionnaires et toutes les idéologies destructrices.


Paroles

Elle est vivante, elle a encore
La haine au ventre, la rage au corps
La bête immonde

Qu’elle tourne au loin comme un vautour
Ou Rampe et ronge tout autour
La bête immonde

Depuis le temps qu’elle fait le trou
De sa tanière grise
Là-bas, ici, partout
Au cœur de chacun de nous
Elle est l’enfant que la bêtise
A conçu avec l’ombre
La bête immonde

Depuis le temps qu’on laisse faire
Tous les suppôts de son enfer
La bête immonde

Qu’elle a vomi des Gestapo
Dans toutes les guerres, tous les ghettos
La bête immonde

Que les salauds dans les salons
Lui trouvent des excuses
Lui trouvent des raisons
Plébiscitées par les cons
Elle est la fille de la ruse
Qui naît sur les décombres
La bête immonde

O pleure, pleure ma mère la terre
Des larmes de siècles et de sang

O pleure, pleure des gouttes d’océan

Sur les chants qui montent des wagons
Les camps, les tortionnaires
Les frères qui clouent leurs frères
Au poteau des religions

O pleure ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde

Mais qui va lui planter un pieu dans le cœur ?
Qui va l’amputer du goût de l’horreur ?

Elle qui étrangle les ethnies
Massacre les poètes
Étouffe les hommes honnêtes
Au bâillon des calomnies

Il lui faut faire sauter la tête
Avec sa propre bombe
La bête immonde

Depuis qu’elle nous pollue l’histoire
A coup de glaive, à coup de gloire
La bête immonde

Que son crachat sur ton drapeau
Dépend de ta couleur de peau
La bête immonde

Depuis qu’elle rôde avec sa faux
Emblème de son règne
Depuis qu’elle dit Je t’aime
Aux cagoules, aux échafauds
Il faut cribler de chrysanthèmes
Jusqu’à ce qu’elle succombe

La bête immonde

O pleure, pleure ma mère la terre
Des larmes de siècles et de sang
O pleure, pleure des gouttes d’océan

Sur les bouquins, dans les bûchers
Les cris des ratonnades
Sur les croix des croisades
Et les continents barbelés

O pleure, ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde

Mais qui va lui planter le pieu dans le cœur ?
Qui va l’amputer du goût de l’horreur ?

O pleure, ma mère la terre
Au fond de tes entrailles gronde
La bête immonde


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