Michel Bühler écrit Je me bats, en 2012, en soutien et en écho aux révoltes puissantes du dit printemps arabe. L’axe de cette chanson est primordial : plutôt que d’en rester aux dénonciations, d’ailleurs justes et fortes, Michel Bühler met en avant la lutte : « Je me bats ! »
On ne se plaint pas, on dénonce et on agit !
Notre ami vaudois, dont le répertoire est rempli de chansons contre le racisme, laisse parler son enthousiasme :
« Je suis d’un temps d’espoir, d’un temps de délivrance/Où l’on osait rêver, et les peuples là-bas/Faisaient tomber leurs chaînes et brisaient le silence ».
Autre point fort de la chanson, la condamnation du monde de « l’argent roi » et de la finance qui domine le monde :
« L’époque est au commerce, l’époque est aux combines/L’homme n’est qu’un objet que la finance broie ».
La fin apporte une note d’espoir, des perspectives de résistance, toujours importantes à rappeler et aux bourgeois qui se croient tranquilles et aux prolétaires qui n’y croient plus et baissent les bras :
« Je me battrai encore et toujours et sans cesse/Pour saluer la vie qui palpite et qui bat/Et quand je m’en irai ce sera sans tristesse/Puisque d’autres viendront qui diront après moi/Je me bats/Je me bats! »
Je me bats fait donc résonner pour l’avenir cette vague de lutte importante qui a vu, en 2011, des millions d’esclaves salariés, se relever, s’unir, affronter leurs affameurs. Et les dictateurs de tomber les uns après les autres. Respect.
Michel Bühler a dans sa guitare plein de chansons de ce type, sensibles, engagées. Par exemple, en 1976, Messieurs les militaires, dans laquelle il crache sur les drapeaux, les guerres pour le profit, etc., et remercie ironiquement l’armée de lui avoir appris « à tenir un fusil » !
Il est réconfortant d’entendre la voix chaude de Michel Bühler et son humour et son engagement…
En 2012, Francesca Solleville nous offre une interprétation vibrante de Je me bats.
Paroles
Même si l’heure est parfois à la désespérance
Attendu que la frime gouverne et fait sa loi
Même si les années dans lesquelles on s’avance
Ont la couleur du triste et du chacun pour soi
Même si le bonheur n’est plus une évidence
Mais semble s’éloigner à chacun de nos pas
Même si l’on me dit que c’est perdu d’avance
Que le monde est ainsi et qu’on n’a pas le choix
Je me bats
Même si maintenant c’est être en résistance
Et risquer d’être seul que d’élever la voix
Pour dire sans relâche l’incroyable arrogance
Des plus riches que tous, des maîtres d’ici-bas
Même si le normal, c’est l’infinie souffrance
Des enfants décharnés aux yeux vidés, sans joie
Même si le correct se nomme indifférence
Même s’ils parlent fort ceux qui baissent les bras
Je me bats
Je suis d’un temps d’espoir d’un temps de délivrance
Où l’on osait rêver, et les peuples là-bas
Faisaient tomber leurs chaînes et brisaient le silence
Oh les jolis printemps au parfum de lilas
Devant nous se levaient des matins d’innocence
Plus jamais il n’y aurait d’humiliés, de parias
Plus jamais d’esclavage, et plus de violence
N’était-ce pas simplement raison, dites-moi?
Je me bats
Aujourd’hui les passants sous les néons sinistres
Vont chacun dans leur bulle et pressent un peu le pas
Les voyous brassent l’or, les bornés sont ministres
Et l’on met chapeau bas devant les renégats
L’époque est au commerce l’époque est aux combines
L’homme n’est qu’un objet que la finance broie
Le futile et l’idiot remplissent les vitrines
Cependant qu’au lointain ricane l’argent roi
Je me bats
Avec mes pauvres mots, qui sont mes seules armes
Avec les sacrifiés, les vaincus d’autrefois
Tous ceux qui n’avaient rien que leur sang et leurs larmes
Les mineurs les canuts les pioupious les sans droits
Avec les femmes usées, petites soeurs de misère
Des bas quartiers de boue où se terrent les rats
Avec tous ceux d’ici qu’habite la colère
Avec les méprisés et ceux qui n’oublient pas
Je me bats
Si longtemps que j’aurai la force, qu’on le sache
De me tenir debout, de chanter, d’être là
Tant qu’il me restera une once de panache
Tant que dans mes veines un sang rouge coulera
Je me battrai encore et toujours et sans cesse
Pour saluer la vie qui palpite et qui bat
Et quand je m’en irai ce sera sans tristesse
Puisque d’autres viendront qui diront après moi
Je me bats
Je me bats!