Daloy Politsey


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Russie, 1905. Les prolétaires opposent leurs Soviets à la misère. On se souvient de la révolte du cuirassé Potemkine, un des épisodes de cette année de lutte qui s’ouvre avec le massacre du dimanche rouge, en janvier 1905. Les ouvriers en lutte sont de toutes origines et de toutes tendances. Cette année de lutte 1905 renvoie à une autre, en 1917, qui verra la fin du tsarisme et son remplacement, après écrasement de la révolution, par le stalinisme léniniste.
Daloy Politsey est la réunion de In ale Gasn (Dans toutes les rues), un chant révolutionnaire du Bund (parti socialiste pour ouvriers d’origine juive, créé dans l’empire russe, à la fin du 19ème siècle) et de Hey, hey, Daloy Politsey ! (Hey, hey, à bas la police !), un chant anonyme du patrimoine anarchiste juif. Ces deux chants ont été réunis en 1980 par Zalmen Mlotek pour les besoins d’un film.
La bourgeoisie arrive depuis longtemps à nous diviser pour régner. Et depuis longtemps, quand nous rentrons en révolution, ces barrières explosent et donnent des perspectives que Marx a synthétisées dans une formule définitive : Le prolétariat n’a pas de patrie !
Ce dont tous les nantis, les profiteurs, les esclavagistes de tous bords, léninistes en tête, ont horreur !
En 1905, les prolétaires, dits juifs, coudoyaient leurs frères de misère, dits chrétiens. L’usine les avait assemblés, la révolte va les unir : « A bas la classe dirigeante de Russie ! »
La chanson désigne leur ennemi commun, représenté par Nicolas II : « Raccourcissons les jours du petit Nicolas ».
Toutes les langues sont belles quand elles chantent le refus de la résignation, la résistance, le combat pour la vie, la révolution. Et la savoureuse langue yiddish de faire résonner Daloy Politsey ! Les classes dominantes juives parlaient russe en Russie, polonais en Pologne, allemand en Allemagne, français en France, etc., et méprisaient et le peuple et sa langue, le yiddish, et bien entendu réprimaient leurs luttes. Rabbins, flics et patrons, ensemble contre le prolétariat « juif ».
Le sionisme sera promotionné par la bourgeoisie juive, contre la révolution, et le yiddish disparaîtra progressivement.
Il faut absolument lire Vive la révolution, à bas la démocratie !, publié par Mutines séditions, en 2016. Y est décrite l’activité des révolutionnaires, dans l’empire russe, autour de 1905. Ce livre est précieux et dépoussière une épaisse couche d’ignorance sur la vraie vie de notre classe sociale, de notre humanité.
Parmi les autres chants de lutte en yiddish, retenons, entre autres :
Tsen Brider (Dix frères), anonyme de la fin du 19ème siècle ;
Der zig fun di klokmeykers (La victoire des fripiers), sur une grève des travailleurs de la confection, à New York, en 1910 ;
Barikadn, écrit par Shmerke Kaczerginsky, dans les années’20, sur la connivence enfants/parents dans la lutte ;

Arbetlose Marsch (Marche des chômeurs), écrit par Mordechaj Mardkhe Bertig, dit Gebirtig, en 1937, en solidarité avec les chômeurs.
Une pensée au groupe folk, Zupfgeigenhansel, qui a popularisé en Allemagne, dans les années 1970, nombre de chants de lutte, en particulier en yiddish.
« Frères et sœurs/donnons-nous la main ! »


Paroles

In aleh gasn, vu men geyt,
hert men zabastovkes.
yinglech, meydlech, kind-un-keit,
shmuzen fun nabovkes.

genug shoyn, brider, horeven,
genug shoyn borgn-laien,
macht a zabastovke,
lomir, brider, zich bafraien!

brider un shvester,
lomir zich gebn di hant,
lomir mikolaikelen
tsebrechn di vent!

hey, hey, daloy politsay,
daloy samoderzhavyeh v’rosey!

brider un shvester,
lomir geyn tsuzamen.
lomir mikolaikelen
bagrobn mit der mamen!

hey, hey, daloy politsay,
daloy samoderzhavyeh v’rosey!

nechtn hot er gefirt
a vegele mist,
haint iz er gevorn
a kapitalist.

hey, hey, daloy politsay,
daloy samoderzhavyeh v’rosey!


Partout où tu vas
Les rues sont pleines de grévistes
Les gars, les filles
Les familles ne parlent que de grèves

Frères, assez peiner
Assez emprunter
Faisons la grève
Frères, libérons-nous

Frères et soeurs donnons-nous la main
Cassons les murs du petit Nicolas
Hey, hey, à bas la police
A bas la classe dirigeante de Russie

Frères et sœurs arrêtons de vouvoyer
Raccourcissons les jours du petit Nicolas
Hey, hey, à bas la police
A bas la classe dirigeante de Russie

Hier, il poussait un chariot de fumier
Aujourd’hui c’est devenu un capitaliste
Hey, hey, à bas la police
A bas la classe dirigeante de Russie

Frères et sœurs, rassemblons-nous
Et enterrons le petit Nicolas avec sa maman
Hey, hey, à bas la police
A bas la classe dirigeante de Russie

Cosaques, gendarmes, descendez de cheval
Le kaiser russe est mort et enterré
Hey, hey, à bas la police
A bas la classe dirigeante de Russie


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