La région des Balkans se trouve à la croisée des chemins de maintes migrations, maints envahissements, guerres, massacres, etc. Mais aussi de nombreuses révoltes. Rien qu’en Transylvanie, avant qu’elle ne soit divisée en plusieurs nations, il y a eu de gigantesques révoltes en 1437-38, 1514, 1784, 1821, 1848, puis en Roumanie, en 1907, 1917-19, et une agitation quasi ininterrompue jusqu’en 1933.
Les combattants qui refusaient de se soumettre prenaient traditionnellement le maquis. Dans tous les Balkans, on les a historiquement appelés Haïdouks, ce qui signifie rebelle, libre, rétif à l’obéissance à un seigneur, etc.
Les romans de Panaït Istrati ne seront pas inutiles pour ceux qui veulent côtoyer la légende ! Ses livres seront censurés en France et en Roumanie.
La vie en Roumanie sous Ceaucescu n’était pas drôle et l’omniprésente police politique, la tristement célèbre Securitate, imposait une terreur quotidienne et un système de dénonciations très élaboré, comme en Russie, à Cuba, en Chine, etc. La torture y est pratiquée systématiquement.
Il ne faut pas croire que les prolétaires restent les bras croisés. Il y a des mouvements sociaux, en 1977 et en 1981, avec les mineurs de la vallée de la Jiu et les ouvriers d’usine ; en 1987, à Brasov, ce sont trois jours d’émeutes ; en décembre 1989, enfin, commence, à Timisoara, une vague de luttes formidables qui va balayer le régime en place, haï de tous. Le mouvement est si intense qu’il génère des fraternisations entre les forces de l’ordre et les prolétaires en colère ! Le 22 décembre, à Bucarest, la foule marche sur le palais présidentiel… la fraternisation entre l’armée et cette foule de révoltés atteint des sommets inquiétants pour le pouvoir. Les insurgés prennent tous les postes importants et tuent les deux tortionnaires Nicolae Ceaucescu et sa femme Elena, le 25 décembre.
Une autre histoire commence.
En Roumanie, vivent beaucoup de tziganes… gens de légendes, de souffrances, de musiques. En 1991, le groupe Taraf de Haïdouks chante, en rom, Balada conducatorului… une superbe balade, amère, âpre, dure comme le mur des prisons roumaines, qui raconte la terreur sous Ceaucescu, le Conducator !
L’âpreté de la chanson est bien rendue par ce fil qui grince en raclant les cordes du violon de Nicolae Neacsu, décédé en septembre 2002.
La version poignante qu’on propose est tirée du film Latcho Drom (Tony Gatliff, 1993):
Paroles
Vous trouverez paroles (en italien et en français) et explications sur cet excellent site:
Canzoni contro la guerra – Balada Conducătorului (antiwarsongs.org)