Nous n’hésitons pas à reproduire l’introduction de notre première expérience sur le sujet, car elle nous semble toujours pertinente :
« Que vient faire l’amour dans un site sur les chants de lutte ? C’est vrai, ce n’est pas évident. Mais la révolution n’est-elle pas l’expression d’un monde d’amour, de l’humanité qui se libère des chaînes de l’argent et tout ce qu’il enserre ? La révolution, n’est-ce pas la communauté humaine qui se définit, se construit, s’affine, dans toutes les luttes et résistances, durant notre longue histoire ? Oui, l’amour brisera la coque brutale et in-humaine de ce monde de non-amour. L’amour sous toutes ses formes. L’amour dans toutes ses manifestations. Il n’y a pas de libération sans joie, sans euphorie, sans amour.
Nous avons choisi, parmi mille, quelques chansons qui chantent l’amour. Choix subjectif s’il en est et vous trouverez que telle ou telle chanson aurait du… vous aurez raison !
Camarades, prenons le temps d’une pause, écoutons ces chansons d’amour, faisons-nous du bien les uns les autres… douceur, gentillesse, attention, bienveillance, tendresse… avant de reprendre le fusil ! »
Pour cette troisième étape, nous avons fait une sélection de chansons vantant l’amour coquin, joyeux, frais. N’hésitez pas à nous partager vos commentaires, car l’exercice n’est point aisé de parler d’amour taquin, sans tomber dans la grivoiserie, voire la vulgarité.
– Commençons avec La salopette, de Georges Chelon (l’auteur du magnifique Le père prodigue), en 2003 :
– Poursuivons avec une reprise, La pendule de mon voisin, qu’Yvette Théraulaz (l’auteure du magnifique Fais attention, dans la rubrique Analyses), a brillamment fait revivre, en 2001 :
Vous trouverez l’originale, chantée par Marguerite-Olga Defize, ici :
https://projet-melchior.be/fr/phonotheque/la-pendule-de-mon-voisin
– Les filles de Concarneau de Claude Michel (l’auteure du magnifique Penn Sardin, dans la rubrique Analyses), en 2002, nous apprend que « Sont les filles de Concarneau/Qu’aiment les hommes qu’ont le sang chaud ! » :
– Lise Médini (l’auteure du magnifique Charognes, dans Sous les pavés la plage – la bande-son de mai 68, dans la rubrique Divers) nous offre, en 1969, une nouvelle ode à l’amour, avec Chanson pour cette nuit :
– Pierre Bonnet, à la fin du 16ème siècle, nous régale avec Alors que mon cœur s’engage. Toujours cette idée de rejet de l’amour-prison. Les alternatives aux carcans religieux de toutes époques, de toutes régions, de toutes tendances… ne sont pas évidentes. Ce qu’on appelle l’idéologie judéo-chrétienne veille à nous culpabiliser, nous condamner au non-plaisir. Le capitalisme impose une alternative viable pour lui, la débauche, l’individualisme, la pornographie, bref, rien à voir avec l’amour.
– Les Nonnes Troppo, ex-VRP, nous disent, avec Le vélo, en 1995, que c’est l’amour qui compte, qu’on soit homme ou femme… quand amour rime avec humour !
– Et que dire de ce vendeur de pantoufles, au Chat botté, qui tombe éperdument amoureux d’une cliente… à qui il n’ose cependant pas proposer la botte ! Thomas Fersen nous raconte son histoire :
– Enfin, cerise sur le gâteau, une anonyme, légère, coquine, toute en fausses pistes :
Paroles
La salopette
Entendons-nous Madame vous n’avez pas d’amants
Pas de mari non plus du genre taillé en athlète
Vous m’avez invité dans vos appartements
Entre deux Ferrari j’ai pu garer ma mobylette
Sur la table roulante le champagne est frappé
Moi j’aurais préféré m’envoyer une mominette
Alors petite dame qu’avons-nous de bouché
Vous avez devant vous le roi de la clé à molette.
Que nous passions à table c’est une bonne idée
J’ai l’estomac qui commence à jouer des castagnettes
Oh la la, dîtes-moi je dois déjà bander
Tous les muscles du bras rien que pour lever la fourchette
Elle me dit ne bougez pas je vais chercher l’entrée
Je somnolais déjà j’étais quelque peu pompette
D’amour je rêvassais sa voix me disait
Vous devriez goûter mon joli bouquet de crevettes.
J’ai bu l’eau du potage où nageait le citron
Et j’ai sucé mes doigts pour ne pas salir la serviette
Au nom de Saint-Véran blanc et de Saint-Emilion
C’est en vrai gentleman que j’ai demandé les toilettes
Pour me laver les mains bon il n’y a pas de savon
Je me sers du produit pour désinfecter la cuvette
Et je pisse un coup en faisant attention
De ne pas faire de bruit à bien relever la lunette.
Il n’y a plus personne dans la salle à manger
Voilà qu’on m’abandonne à peine je tourne la tête
Quand j’entends comme un cri dans la chambre à coucher
C’est l’appel de l’amour j’enlève ma salopette
Sur le lit elle est nue enfin je l’imagine
Elle a chastement sur elle remonté la couette
Elle tend les bras vers moi vers elle je tends ma mine
Mâlement réjouie tout en remontant mes chaussettes.
Pudiquement je passe sur notre folle nuit
La belle avait le feu sacré qui la pousse à la quête
De ces plaisirs divins toujours inassouvis
Et qui font qu’à la fin j’étais plat comme une lingette
Le petit jour naissant perçait les jalousies
La bête enfin domptée reposait nue sur la moquette
Et je m’assoupissais quand soudain j’entendis
Tout au bout du couloir le tintement d’une clochette.
C’est Madame qui rentre elle va venir ici
Me dit en chevrotant la petite Blanchette
Comment qu’est-ce que je vois tous les deux dans mon lit
Monsieur expliquez-moi qu’avez-vous fait à ma soubrette
C’était un coup monté je n’ l’ai pas vu venir
Elle se jette sur moi elle a les soudures qui pètent
Monsieur honorez-moi comblez-moi de plaisir
Que nenni Madame il n’y a plus rien dans les burettes.
J’étais prêt à m’enfuir à les laisser tomber
Quand en reboutonnant les boutons de ma salopette
Je me suis dit mon vieux tu pourrais te forcer
Au lieu d’aller te les geler sur ta mobylette
Tu pourrais être au chaud dans un bon lit douillet
Le corps abandonné livré nu à leurs mains expertes
Qui sauraient réparer ce fichu robinet
C’est bon les copines enlevez-moi la salopette
Qui sauraient réparer ce fichu robinet
C’est bon les copines enlevez-moi la salopette.
La pendule de mon voisin
J’ai comme voisin près de ma petite chambrette
Un jeune homme charmant qui me fait la cour.
Aussi de temps en temps de façon discrète
Il me fait parvenir des p’tits mots d’amour.
L’autre jour ma montre s’étant arrêtée
Je ne savais pas l’heure qu’il était.
Comme il prenait l’frais à sa croisée,
Je lui dis : quelle heure est-il s’il vous plait ?
Dès qu’il m’aperçoit son œil s’illumine
Et d’un œil affable et tout dégourdi,
Il répond doucement : ma belle voisine
Il est midi! Il est midi.
Comment c’est midi ? Mais vous voulez rire
C’est au moins cinq heures du soir à présent.
Pour moi votre pendule doit être en délire
Il faudra changer un peu son mouvement.
Ma pendule dit-il n’est nullement folâtre
Venez voir ses mouvements ils sont doux et réguliers
Elle a pour soutien deux colonnes d’albâtre
Et de plus encore deux beaux balanciers.
Elle est pudiquement sous une draperie
Cachée nuit et jour à tous regards hardis
Mais elle apparaît aux femmes jolies
Quand c’est midi! quand c’est midi
Sapristi! je pensais que cette pendule
Devait être un peu du goût féminin
Moi qui suis curieuse et très incrédule
J’allais pour la voir chez mon petit voisin
Sur un grand fauteuil voilà qu’il me place
Poli, prévenant et doux à souhait
Puis il me met là, sans voile, bien en face
La fameuse pendule qui tant m’intriguait.
Ah mes chers amis, mon Dieu quelle surprise
Mon gentil voisin ne m’avait pas menti
Car là dans ma main la preuve était mise
C’était midi! c’était midi!
Rien de plus jolie je le certifie
De ce qu’il me montra, je riais en dessous
La jolie pendule avait une sonnerie
Qui m’électrisait à chacun de ses coups.
De son carillonneur, je goûtais les charmes,
Dirigeant l’aiguille partout à mon gré
Et toute raide. Je rendais les armes
Regrettant d’avoir un instant douté.
Quand ça s’arrêtait, alors vite! vite!
Je lui remontais et…ce fut ainsi
Que nous fîmes six fois de suite
Sonner midi! sonner midi!
Mon Charles mettait une ardeur extrême
A faire durer ces jeux amusants
Me disant tout bas oh ma Jeanne je t’aime.
Et me dévorant de baisers brûlants.
Pendant plus d’une heure avec fanatisme
Nous carillonnâmes ainsi tous les deux
Mais hélas..soudain le beau mécanisme
Ne fonctionna plus que mou et paresseux
La belle pendule sommeillait endormie
A la fin des fins demanda merci
Marqua tout à coup six heures et demie
Adieu midi
Adieu midi
Alors que mon cœur s’engage
Alors que mon cœur s’engage
Ce n’est si non pour un jour
Car de languir en servage
Ce n’est pas goûter l’amour
Je ne puis aimer longtemps
Car j’aime les inconstants
En aimer une centaine
Les courtiser nuit et jour
C’est rendre preuve certaine
Que l’on a beaucoup d’amour
Je ne puis aimer longtemps
Car j’aime les inconstants
Vous qui blâmez l’inconstance
Vous ignorez les plaisirs
C’est être sans connaissance
Que de n’avoir qu’un désir.
Je ne puis aimer longtemps
Car j’aime les inconstants
Pour Chanson pour cette nuit, de Lise Médini, les paroles apparaissent dans la vidéo.
Nous n’avons pas pu trouver sur le net le texte d’Encore une chanson coquine. Et vous ?
Le vélo
Il avait toujours plu aux femmes
Et les aimait même un peu trop
Et pour les fesses de ces dames
Il se s’rait fait trouer la peau
Quand il mourut il eu le droit
Sous une autre forme de prendre vie
Il réfléchit puis décida de renaître en vélo pour filles
Marguerite et Josiane, Evelyne et Viviane
Toutes ses amies se frottant sur son épine dorsale
C’était pour lui le paradis
Il les prenait dans l’engrenage
Parfois même il avait deux filles
Une sur lui l’autre sur le porte-bagages
Marguerite et Josiane, Evelyne et Viviane
Toutes ses amies se frottant sur son épine dorsale
Puis Marguerite eut un ami
Qu’il eut du mal à encadrer
Car elle le délaissait pour lui
Et n aimait plus que la marche a pied
Marguerite et Josiane, Evelyne et Viviane
Toutes ses amies se frottant sur son épine dorsale
Puis l’ami en question s’enfuit
En volant l’amour de vélo
Qui à son coup de pédale comprit
Que l’ami était un homo
Depuis le pauvre est peint en rose
Toute la journée il ronge son frein
Plus d’Marguerite ca l »rend morose
Par contre il a tous ses copains
Jean-Robert et Marcel, Philibert et Etienne
Tous ses amis se frottant
Sur son épine dorsale
Jean-René et Filou, Philibert et Loulou
Tous ses amis se frottant sur son épine dorsale… oh, y en avait du monde…
Le chat botté
Je travaille au « Chat Botté »
Dans le centre-ville,
Je vends l’hiver et l’été,
des mules en reptile
C’est mon destin je suppose,
J’ai quinze ans d’ maison,
Ca sent pas toujours la rose,
C’est le reblochon
Dans le cas de cette fillette
Qui tend son pied droit,
Son prénom doit être Berthe,
Pointure 43.
Il est l’heure de mon sandwich
Mais je n’ai plus faim
Asphyxié par une péniche,
Telle sera ma fin.
On ne veut plus les quitter
Quand on les enfile
Essayer c’est adopter
Les mules en reptile
Je surveille au « Chat Botté »
Derrière mes lentilles,
Au rayon des nouveautés,
Une longue fille,
Elle regarde les savates
Et puis finalement
Elle me dit qu’elle convoite
Les mules en serpent.
Elle me confie son pied nu
Comme à une soeur.
Il est fin, petit, menu,
Bref, sans épaisseur.
Je le respire, je le flaire,
Enfin je le hume,
Je voudrais mettre sous verre
Ce qui le parfume.
On ne veut plus les quitter
Quand on les enfile
Essayer c’est adopter
Les mules en reptile
Jamais eu au « Chat Botté »
Cette démangeaison,
Cette envie de bécoter
En quinze ans d’ maison,
Je repousse l’idée sotte,
L’idée saugrenue,
L’idée d’ proposer la botte
A cette inconnue,
Quand soudain le carillon
Annonce la nuit
Et pareille à Cendrillon,
La fille s’enfuit
Me laissant désappointé,
La mule à la main,
Elle s’enfuit du « Chat Botté »,
Passe son chemin.
On ne veut plus les quitter
Quand on les enfile
Essayer c’est adopter
Les mules en reptile
J’me faufile dans la réserve
J’entrouvre la boîte,
Tout le parfum que conserve
la pantoufle droite
Me traverse les narines,
Dilate mon coeur,
Me réchauffe la poitrine
Comme une liqueur.
Moi qui avais le bourdon,
J’ai la chair de poule,
Et même la chair de dindon
Quand j’éteins l’ampoule,
Il me semble être avec elle,
Elle à mes côtés,
Je rêve d’une vie nouvelle
Loin du « Chat Botté »
On ne veut plus les quitter
Quand on les enfile
Essayer c’est adopter
Les mules en reptile