Aller sans retour


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Juliette écrit cette chanson en 2008, sans doute inspirée par le souvenir de l’arrivée en France de son grand-père, quittant sa Kabylie natale.

En tout cas, elle se fait la porte-parole de nombreux exilés, avec une grande sensibilité.

Nous savons bien que certaines personnes décident de tenter leur chance hors de leur pays d’origine, et bravent les difficultés pour réaliser leurs… rêves. Mais l’immense majorité des gens n’ont pas le choix et « Quoi qu’ils aient fuit/La faim, le fusil », il leur faut partir pour tenter de survivre.
Et leur accueil est, à l’image de ce monde, froid et dur. Impitoyable.

Et tenter d’oublier leur richesse perdue, les odeurs, les sons, les saveurs, la famille, les amis d’antan…

Et les voilà en butte désormais, en plus de la misère, au racisme.

En 1973, Abderrahmane El Harrachi, qui a fait toute sa carrière en France, donne un conseil précieux à ses frères exilés. Voir Ya Rayah dans la rubrique Analyses.

Chanson très belle qui, sur un rythme dansant et joyeux, parle de peine, de regret, d’illusions de jeunesse et de malheur.

Lili Boniche, son frère en chaâbi, lui donne la réplique, en 1996, avec Alger, Alger :

Quand le capitalisme sera aboli, quel plaisir nous aurons à nous côtoyer, nous, si divers et pourtant brillants de mille ressemblances !

En attendant, le monde de l’argent nous impose la guerre de tous contre tous. Et nous baignons dans un racisme qui ne doit pas être banalisé, mais combattu. Voir 17 octobre 1961 dans la rubrique Divers.

Dansons encore une fois, ensemble, frères humains de partout et nulle part, mais ensemble, main dans la main, cœurs unis. Et résistons.


Paroles

Aller sans retour

Ce que j’oublierai c’est ma vie entière
La rue sous la pluie, le quartier désert
La maison qui dort, mon père et ma mère
Et les gens autour, noyés de misère
En partant d’ici
Pour quel paradis
Ou pour quel enfer?

J’oublierai mon nom, j’oublierai ma ville
J’oublierai même que je pars pour l’exil

Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de la poche un peu d’argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour

J’oublierai cette heure où je crois mourir
Tous autour de moi se forcent à sourire
L’ami qui plaisante celui qui soupire
J’oublierai que je ne sais pas mentir
Au bout du couloir
J’oublierai de croire
Que je vais revenir

J’oublierai même si ce n’est pas facile
D’oublier la porte qui donne sur l’exil

Il faut du courage pour tout oublier
Sauf sa vieille valise et sa veste usée
Au fond de la poche un peu d’argent pour
Un ticket de train aller sans retour
Aller sans retour

Ce que j’oublierais, si j’étais l’un d’eux
Mais cette chanson n’est qu’un triste jeu
Et quand je les vois passer dans nos rues
Etranges étrangers, humanité nue
Quoi qu’ils aient fuit
La faim, le fusil
Quoi qu’ils aient vendu
Je ne pense qu’à ce bout de couloir
Une valise posée en guise de mémoire


Alger, Alger

Men wahch lahbab hadjou fkari,
We frak-hou tal aliya,

Ki natfakar-houm techâal nari,
Win rakoum ya waldiya ?
Trarabt alikoum we khallit dari
we dmoui saila kwiya,
Jarhat khdoudi we fkari,
ya Rabi ya Ali han aliya …
J’aime toutes les villes , un peu plus Paris,
Lakin machi comme l’Algérie,
comme elle est belle…. we nhabha f’lahbal
Faine nkoum ma nensaha,
Alger Alger , chhal n’habha !
Ki nkoum beid ntfakrak, Oh la Blanche !
Kalbi plein de tristesse ma yansakch, en revanche
Ou es-tu place des gouvernements ?
Mâamra behbadi, lounkoum rarib et plein de tourments.
Rir netfakarha, je souris !!!
J’aime toutes les villes , un peu plus Paris,
Lakin machi comme l’Algérie,
comme elle est belle…. we nhabha f’lahbal
Faine nkoum ma nensaha,
Alger Alger , chhal n’habha !
Comment voulez-vous ana ma n’habhach ?
Dans son sein kabrou yamma we baba…
De son soleil je ne puis me passer.
Depuis mon enfance, nadjiri dans ses rues,
sans me lasser.
Kalbi Kalbi en est épris !!!
J’aime toutes les villes , un peu plus Paris,
Lakin machi comme l’Algérie,
comme elle est belle…. we nhabha f’lahbal
Faine nkoum ma nensaha,
Alger Alger , chhal n’habha !
Alger Alger , chhal n’habh

 

Alger Alger
Du manque de mes amis mes pensées s’embrouillent
……
Quand je pense à eux ça me brûle (mon feu s’allume)
Où êtes vous mes parents ?
Je me suis éloigné de vous et j’ai laissé ma maison
Et mes larmes coulent fort
Elles ont blessé mes joues et mes pensées
Oh mon Dieu Oh le plus grand, aide moi
J’aime toutes les villes, un peu plus Paris,
Mais ce n’est pas comme l’Algérie,
comme elle est belle… et je l’aime à la folie
Où je suis je ne l’oublie pas,
Alger Alger, comme je l’aime
Quand je suis loin je me rappelle, Oh la Blanche !
Mon coeur plein de tristesse ne t’oublie pas, en revanche
Où es-tu place des gouvernements ?
Elle est remplie de mes amis, votre couleur (immigrés) et pleine de tourments.
Quand je me souvient d’elle, je souris.
J’aime toutes les villes, un peu plus Paris,
Mais ce n’est pas comme l’Algérie,
Comme elle est belle… je l’aime à la folie
Où je suis je ne l’oublie pas
Alger Alger, comme je l’aime
Comment voulez-vous que je ne l’aime pas ?
Dans son sein ont grandi ma mère et mon père
De son soleil je ne puis me passer.
Depuis mon enfance, je cours dans ses rues,
sans me lasser.
Mon coeur, mon coeur en est épris !!!
J’aime toutes les villes, un peu plus Paris,
Mais ce n’est pas comme l’Algérie,
Comme elle est belle… je l’aime à la folie
Où je suis je ne l’oublie pas
Alger Alger, comme je l’aime !
Alger Alger, comme je l’aime !

 


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