A bas les gens qui bossent


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Didier Super développe un genre très spécial, la chanson provo. C’est une prise de risque qui n’a rien à voir avec l’insulte. Il s’agit de provoquer la réflexion, en entonnant le clairon du connard très moyen, bas de gamme, pour étaler toute sa dimension dégueulasse. Celui qui reste coincé sur le premier degré, il est mal : yen a marre des pauvres… les enfants, faut les brûler… à bas les gens qui bossent…
Bertolt Brecht ne disait-il pas que la provocation est une façon de remettre la réalité sur ses pieds ?
Bref, Didier Super attaque tous azimuts et cette chanson en particulier, sortie en 2008, s’en prend à un tabou absolu sous le capital : le travail !
La valeur travail que tous les capitalistes s’échinent à nous faire rentrer dans le ciboulot, c’est celle de l’exploitation, de la misère, des burnouts, des drogues, légales et illégales, des bagnes industriels, des prisons, etc.
Les murs de mai 68 nous avaient pourtant prévenus : « Réveille-matin, première humiliation de la journée ! » Jusqu’au coucher…
Il n’y a pas de gloire à travailler, à se faire exploiter, qu’on soit marin, mineur, métallo, ou autre, c’est au travail qu’on perd sa vie, c’est là qu’on produit et reproduit une société qui quotidiennement nous suce la sève de vie.
Seuls les politiciens, les patrons et leurs sbires ont intérêt à nous vendre cette merde… car ils en vivent !
Alors, nous, qui sans cesse bossons « franchement y’a pas de quoi la ramener ! », faisons plutôt grève, manifestons, sabotons, résistons et ne votons plus ! Changeons le monde ! Arrêtons de perdre notre vie à la gagner !
Il y a peu de chansons contre le travail. On en trouve des traces dans Working class hero, de John Lennon (1970), Bosser huit heures, de Trust (1979), Black country blues, de William Dunker (1997) et Al vaiven de mi carreta de Nico Saquito (1936)… et même chez Sexy Sushi qui hurle, en 2013 : « Je refuse de travailler ! »

Revoir, toute affaire cessante, La classe ouvrière va au paradis, d’Elio Petri (1971), pour nourrir notre rage contre le travail et ses adorateurs.
Autre tabou que Super égratigne : « Ils sont pire que des nazis, c’est des Américains », véritable pied de nez au battage démocrotte sur l’ennemi-enfin-trouvé du genre humain, le nazi. Les napalmisés et bombardés made in USA du monde entier apprécieront !
Ecouter du Didier Super force à une salutaire gymnastique : aller voir derrière les mots, provocants, gueulés, régurgités, envoyés à la gueule de la bienséance, au silence dans les rangs, au je ne veux voir qu’une tête, qu’une pensée, qu’une obéissance.
Dommage que DS, prisonnier du piège de la provo à tout prix, se noie de plus en plus dans une spirale auto-centrée, médiatique et spectaculaire qui affaiblit son propos.


Paroles

En fait la prochaine chanson… on a essayé de faire un vrai tube de merde pour les grosses radios à la con.

Qui c’est qui se lèvent tôt le matin, et qu’empêchent les autres de dormir ?
Les gens qui bossent
Mais qui c’est qui se gênent pas, pour gueuler quand j’fais des booms ?
Les gens qui bossent
Ils seraient plus près de leur enfants, y’aurait d’jà moins de délinquants
Les gens qui bossent
Ils exploitent la planète et puis tant pis si ça pète
Les gens qui bossent

Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
C’est que d’la raquaille
Hoooo hoooo, A bas Les gens qui bossent
Faut les nettoyer au karcher

A cause de qui y’a que l’dimanche qu’y’a les bon trucs à la télé ?
Les gens qui bossent
Qui c’est qui se dit vivement la retraite et qui la touch’ra sûrement jamais ?
Les gens qui bossent
Qui c’est qui en a marre de payer des alloc’ aux immigrés ?
Les gens qui bossent
Et surtout à cause de qui y’a pas de boulot aujourd’hui ?
Les gens qui bossent

Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
Hoooo hoooo, Ils sont égoïstes
Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
Hoooo hoooo, Heureusement y’en a de moins en moins

Wouuuuaah, hé les dreadlocks faut pas dormir, hein…

Ils ont tous peur de dire tout haut que les chômeurs ils sont fainéants, mais qu’est-ce qu’ils sont contents de pas être à leur place !
Et puis tous les matins ils prennent tous leur bagnole, et du coup à cause d’eux y’a la guerre en Irak.

Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent

Hoooo hoooo, Ils ont vraiment rien d’autres à foutre
Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
Hoooo hoooo, Franchement y’a pas de quoi la ramener

Bon combien là ?
Oh putain les mecs, hé on a fait 2 minutes 15, et l’format c’est 2.30 2.40
Hé faut qu’on y r’tourne là, okay, allez, 3, 4 …

Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
Hoooo hoooo, Ils sont pas épanouis
Hoooo, Et allez on se lâche
Hoooo hoooo, Ils sont pire que les nazis
Hoooo hoooo, A bas les gens qui bossent
Hoooo hoooo, Ho hé ils sont pire que des nazis, c’est des Américains.

STOOOP, STOOOP, hé hé putain, 2 minutes 52 les mecs, on s’est amusé 12 secondes de trop, ils ont intérêt à nous les payer les fils de…

 


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