Preguntas por Puerto Montt


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En mars 1969, quelques familles de paysans pauvres occupent une terre à l’abandon dans le but de la faire fructifier, avec la perspective de régulariser leur situation. Nous sommes au Chili, à Puerto Montt, sous le gouvernement d’Eduardo Frei. La police, après quelques négociations pour gagner le temps de se renforcer, attaque le camp des squatters. Le massacre fera dix morts et cinquante blessés.
Edmundo Perez Zujovic, alors sinistre de l’Intérieur, justifie publiquement cette opération de terreur.
Victor Jara, fils de paysans, écrit aussitôt Preguntas por Puerto Montt (Questions pour Puerto Montt), interpellant directement Perez Zujovic.
Victor Jara est issu du courant de la nueva cancion chilienne, popularisée par Violeta Parra et Mercedes Sosa. Déjà très connu à l’époque pour ses critiques au régime en place, Victor Jara soutient l’Unité populaire… qui gagne les élections de septembre 1970, avec le social-démocrate Allende comme président… qui s’affaire aussitôt à désarmer les ouvriers ! Voir rubrique Pamphlets sur la chanson El pueblo unido jamas sera vencido.
Le 8 juin 1971, un commando de l’Avant-garde Organisée du Peuple (VOP) tue Perez Zujovic, vengeant ainsi les morts de Puerto Montt. Mais, dès le 13 juin, les auteurs de cette vengeance de classe sont assassinés par la police… de l’Unité populaire!
Le 11 septembre 1973, c’est le fameux coup d’Etat au Chili, organisé et financé par les services secrets US. Victor Jara est aussitôt arrêté, torturé et tué.
Sa mort aura un retentissement mondial et des chanteurs tels Michel Bühler, Serge Utgé-Royo, Jean Ferrat, Gilles Servat, The Clash, Zupfgeigenhansel, etc., répercuteront et dénonceront cette sauvagerie policière… même si nous savons (par sa veuve Joan) que Victor n’a pas eu les doigts coupés, selon une légende tenace et sensationnaliste, mais les mains et les poignets broyés.
Julos Beaucarne, en 1977, écrit et chante une Lettre à Kissinger, qui fera date, malgré la version « doigts coupés »…
https://www.youtube.com/watch?v=qKCAI0_j6BU
Il ne fait aucun doute que Victor Jara a payé de sa vie son engagement en faveur des déshérités, de Puerto Montt et d’ailleurs. Son répertoire est résolument social, telle l’émouvante Te recuerdo Amanda (Je me souviens de toi, Amanda) ou sa reprise de A desalambrar (A bas les barrières) du chanteur uruguayen Daniel Viglietti.

Voir Mé Swassansèt, dans la rubrique Analyses.


Paroles

Muy bien, voy a preguntar
Por ti, por ti, por aquel
Por ti que quedaste solo
Y el que murió sin saber.

Muy bien, voy a preguntar
Por ti, por ti, por aquel
Por ti que quedaste solo
Y el que murió sin saber
Y el que murió sin saber

Murió sin saber por qué
Le acribillaban el pecho
Luchando por el derecho
De un suelo para vivir,
Hay que ser mas infeliz
El que mando disparar
Sabiendo cómo evitar
Una matanza de vil
Puerto mono, Puerto Montt…

Usted debe responder
Señor Pérez Zujovic
Por qué al pueblo indefenso
Contestaron con fusil?

Señor Pérez su conciencia
La enterró en un ataúd
Y no limpiarán sus manos
Ni toda la lluvia del sur
Ni toda la lluvia del sur

Murió sin saber por qué
Le acribillaban el pecho
Luchando por el derecho
De un suelo para vivir,
Hay que ser mas infeliz
El que mando disparar
Sabiendo cómo evitar
Una matanza de vil
Puerto mono, Puerto Montt…


Très bien, je vais poser des questions
Sur toi, sur toi, sur lui
Sur toi, qui es resté seul
Et celui qui est mort sans savoir.

Très bien, je vais poser des questions
Sur toi, sur toi, sur lui
Sur toi, qui es resté seul
Et celui qui est mort sans savoir
Et celui qui est mort sans savoir

Il est mort sans savoir pourquoi
On lui criblait la poitrine de balles
Alors qu’il luttait pour le droit
A avoir une terre pour vivre,
Ah, quel être malheureux
Celui qui a ordonné de tirer
En sachant comment éviter
Une vile tuerie

Puerto Montt, Puerto Montt…

Vous devez répondre
Monsieur Pérez Zujovic:
Pourquoi, au peuple sans défense,
A-t-on répondu avec le fusil?

Monsieur Pérez a enterré
Sa conscience dans un cercueil
Et rien ne lavera ses mains
Pas même toute la pluie du sud
Pas même toute la pluie du sud

Il est mort sans savoir pourquoi
On lui criblait la poitrine de balles
Alors qu’il luttait pour le droit
A avoir une terre pour vivre,
Ah, quel être malheureux
Celui qui a ordonné de tirer
En sachant comment éviter
Une vile tuerie
Puerto Montt, Puerto Montt…


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